#LiaEnScandinavie, chapitre 13 : 21/08/2015 – La course à l’encre, ou échecs horaires en cascade
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Comme prévu, le réveil sonne à 3h30. Pas facile d’émerger… A 4h du matin, nous pointons notre nez dehors, et une fois de plus, avons l’impression d’être sur une autre planète. Le soleil remonte dans le ciel, l’atmosphère est pastel, rose, orange, violet, bleu… Au-dessus du lac, une brume légère qui transforme tout ça en vrai paysage de fantasy.
Un moment, nous admirons, un peu béates. Puis, fatalement, nous dégainons les appareils photos.
Ma femme fait des photos super artistiques…
Une demi-heure après, le ciel perd un peu ses tons pastel pour devenir doré. La brume est toujours là.
Nous retournons nous coucher vers cinq heures, un peu hagardes mais des étoiles dans les yeux. Lorsque le réveil sonne, à 10h, il est temps de mettre la main à la patte : nous levons le camp à 15h, et nous avons tout à ranger. Debout, un tour à la douche, reprendre forme humaine, et on commence par la première tâche : finir les restes, qu’il faudrait jeter sinon.
Finalement, nous ne ferons pas le barbecue que nous avions prévu. Nous nous permettons donc un petit déjeuner de luxe : bacon grillé au miel sur pain suédois, fruits, jus de fruits, et thé aux épices acheté la veille au ICA. On n’a jamais aussi bien déjeuné !
Nous, quand on rentabilise les restes, on ne fait pas les choses à moitié !
Hime apprécie son thé chaud les pieds au frais.
Vient ensuite le moment beaucoup moins amusant de faire les sacs… Nous nous sommes bien étalées dans le chalet, il faut donc tout rassembler, ne rien oublier, et tâcher de tout faire tenir dans nos pauvres sacs qui prendront l’avion en soute, cette fois-ci. Challenge.
J’en profite pour recoudre mon pantalon pour la troisième fois. J’ai aussi recousu mon sac deux fois. Mon vrai faux nécessaire à couture (un ticket de métro plié en deux avec du fil autour et une aiguille plantée dedans) aura été largement rentabilisé : j’ai aussi recousu trois fois mon sac à dos et une fois mon sac en bandoulière.
Note à moi-même : prochaine fois que je pars, je prends du VRAI matériel de voyage…
Système D et couture à l’arrache, donc.
Dans le processus de rangement, j’en profite pour rouvrir la tente et récupérer mon tapis de sol : nous l’avions plié avec la tente, mais elle ne fera pas le voyage avec nous jusqu’à Stockholm.
Pendant ce temps, le Poui, bucolique, continue d’admirer la nature. Je crois qu’il aimerait bien s’installer ici.
Une fois le sac fait, nous reparlons de l’éventualité d’aller voir un tatoueur… L’idée a muri. Je profite de l’accès internet du camp pour me faire une petite liste des tatoueurs de Stockholm, en repère un qui m’inspire confiance : il est ouvert ce soir, jusqu’à 20h. Sachant qu’on arrive à 18h30 à l’aéroport, on a peut-être une chance.
Midi. L’heure d’achever nos restes. Nous avons petit déjeuné il n’y a pas si longtemps, mais nous passons quand même en cuisine. Nous avons des steaks au poivre, des pommes de terre, des poivrons rouges.
Allons y, mélangeons tout. Avec du miel, parce que le miel c’est bon.
Je mets la main à la patte. Hime s’occupe de la cuisson.
Ca fait vraiment de jolies couleurs dans l’assiette (et ce couteau était le seul qu’on avait dans le chalet…)
« N’empêche, nos conditions de vie en Suède ont considérablement augmenté depuis qu’on a acheté du miel ! », remarque très justement Hime. Et elle a raison : on s’en sert à tous les repas ou presque, pour les pauses goûter, pour avoir notre dose de sucre… Le miel rend tout meilleur. A la base, nous l’avions simplement acheté pour notre gorge, vu que nous étions malades toutes les deux (je n’en parle pas beaucoup, mais le fait est qu’on m’entend de moins en moins bien et je tousse de plus en plus à mesure que les jours passent…), mais finalement, il s’avère que le miel est un indispensable de voyage. Je note pour la prochaine fois.
Pendant que nous mangeons, M. passe nous rappeler qu’elle viendra nous prendre à 15h. Nous avons préparé l’argent pour lui payer la viande de renne, mais elle n’a pas le temps tout de suite. C’est amusant : elle nous voit habillées tout en noir et nous dit « Mais vous n’avez pas chaud ? Il fait tellement chaud maintenant ! Je n’arrive pas à travailler ! »
Il fait 25 degrés. Nous lui expliquons que nous venons d’un pays où il faisait 40 degrés il n’y a pas si longtemps. Elle fait la grimace… Amusant de voir à quel point leur tolérance à la chaleur est basse, dans le coin.
D’un autre côté, logique, sachant qu’ils tombent à -35 en hiver…Du coup, c’est drôle de voir cette affiche dans les toilettes alors que tout le monde est en débardeur en ce moment… Décalage.
Je finis de ranger et nettoyer pendant qu’Hime profite du lac. Elle récupère des pierres d’un rouge intéressant. La mine n’est pas bien loin…
L’heure avance et je finis juste de tout nettoyer et fermer la porte quand M. nous rejoint. Nous lui donnons l’argent pour la viande de renne et lui proposons de lui laisser la tente et le tapis de sol d’Hime, que nous n’emmènerons pas avec nous à Stockholm. Elle accepte sans souci, mais nous rend notre argent : elle ne peut pas l’accepter si elle prend la tente. C’est ainsi donc que nous échangeons une petite tente qui a beaucoup voyagé contre deux kebabs de renne.
Le pouvoir du troc !
M. nous emmène ensuite voir C. et ses chiens. Nous allons dire au revoir, c’est un peu émouvant, et surtout triste. Pas facile de quitter ce coin de paradis… Je suis toute mélancolique.
Dernière vue du lac. Bye-bye, Campalta…
N’empêche, vraiment, cette pause dans la course perpétuelle que constitue notre voyage nous a fait un bien fou, et à aucun moment, nous avons regretté de ne pas être allées à Abisko. Ce camp à Kiruna, avec son calme, ses paysages, ses saunas, c’est le repos idéal pour un auteur qui veut s’isoler un moment pour écrire. Je n’oublierai certainement pas l’adresse et quand nous partons, clairement, c’est pour moi un au revoir et non un adieu.
Sur la route, M. m’apprend à prononcer « flygsplats » – aéroport. Nouveau mot de suédois appris ! Ca commence à faire une jolie liste.
.L’aéroport de Kiruna est tout petit et très mignon.
Le magasin de l’aéroport vend plein de produits sami… Et des peaux de renne à 60€. Intéressant. En France, c’est plutôt de l’ordre de 120-150€…
Ma femme a mis à sécher les trèfles que je lui ai offerts : le petit à feuilles en coeurs vient de Falun, et le gros à quatre feuilles vient de notre périple fou pendant notre arrivée à Kiruna.
Le Poui se prépare à partir. Il ne s’est pas encore trop fait à l’avion.
Pour ce trajet-ci, c’est Hime qui a la fenêtre. Nous sommes à côté l’une de l’autre et nous papotons, ça fait passer son angoisse du décollage. Toutefois, une autre angoisse se pointe en cours de route, et ça, je ne l’avais pas prévu : au moment où l’avion entame sa descente, une douleur atroce me transperce les oreilles. C’est comme si on cherchait à m’écarteler les tympans, j’ai une conscience aiguë de tout ce qui se passe là-dedans et envie de hurler. La tête entre les mains, j’attends que ça passe. Quinze minutes de calvaire, à me dire que ça va mieux, puis ça empire à chaque fois. Ca me fait tellement mal que j’ai l’impression que je vais tourner de l’oeil. Enfin, après ce qui semble être une éternité, nous nous posons, et la torture prend fin. Mais mes oreilles restent bouchées.
Nous arrivons donc à l’aéroport de Stockholm Arlanda à 18h30 comme prévu, et devons récupérer nos bagages. Pas de chance : nos bagages n’arrivent pas avant 18h50, la navette ne sera pas là avant 19h, nous n’atteindrons pas le centre de Stockholm avant 19h30. Sachant que le salon de tatouage ferme à 20h, alors qu’il est à 30mn à pied de la Centralstation.
Ca part mal. Tant pis : on verra bien. Nous sommes décidées à y aller quand même, partant du principe que « on verra bien, on sait jamais ». Nous attendons donc, récupérons nos bagages en bonne forme (même la bouteille d’eau coincée dans le sac d’Hime est toujours là ! C’était inespéré.)
Le tunnel du Arlanda Express, la navette bien classe qui nous emmène au centre de Stockholm. Il y a même le wifi dans la navette !
Quand nous arrivons à la Centralstation, nous tâchons de ne pas trop perdre de temps : nous devons traverser Gamla Stan pour arriver sur l’île de Södermalm, le bastion des tatoueurs de la ville.
Arrivées et jolie lumière, mais poisse de prendre un détour. Hotel trouvé mais poussé plus loin.
Pour autant, cela ne nous empêche pas d’apprécier le paysage. Une montgolfière !
Avec le soleil qui commence à se coucher, les bâtiments prennent une jolie teinte orangée.
Nous trouvons sans trop de souci le pont qui nous mène à l’île de Gamla Stan, et atterrissons même dans la rue de notre hôtel ! Pratique pour faire du repérage, mais nous pressons le pas : il est 19h50, nous avons peut-être une micro-chance…
Nous passons ensuite sur l’île de Södermalm, et je fais à ce moment-là un mauvais choix de route. Dommage. Nous nous retrouvons beaucoup trop à l’est, faisons un immense détour, il est 20h, nous perdons espoir… Nous passons devant une pizzeria, et je promets à Hime que si le tatoueur est fermé, nous viendrons manger ici pour nous consoler. Ca fait cinq jours qu’elle parle de manger une pizza.
Enfin, nous trouvons la bonne rue, mais elle est longue et nous n’arrivons pas du bon côté. Dernière ligne droite… Enfin, nous arrivons devant la porte.
L’occasion pour nous d’apprendre le mot Stängt. Fermé.
Il est 20h20. A l’intérieur, c’est encore éclairé, nous entendons des voix. Nous sommes devant la fenêtre, tentons de voir… Finalement, la porte s’ouvre. Deux personnes sortent, une troisième les accompagne à la porte.
Nous expliquons notre périple, plaidons pour notre cause. On avait vraiment espéré et la déception est grande. Finalement, on nous dit de revenir à midi demain, il devrait y avoir de la place pour nous.
Très bien. Nous serons devant la porte à midi, alors.
Il est désormais environ 21h (oui, on s’est lamentées longtemps devant la porte fermée. Enfin, surtout moi), et nous rebroussons chemin. Direction l’hôtel, mais nous ne prenons pas le chemin le plus court : il s’agit de repasser par la pizzeria de consolation.
Quand nous arrivons à la pizzeria, deuxième échec horaire : ils vont fermer, ne font plus de restauration sur place. Tant pis ; nous prenons deux pizzas à emporter et cherchons un endroit où nous installer pour manger. Au bord de l’île, pas très loin d’un Scandic (la chaîne d’hôtels devenue « points de repères officiels » dans chaque ville où nous allons), un muret nous tend les bras. On ne cherche pas plus loin, le coin est sympa.
Les pizzas ne font pas long feu.
Une fois le repas terminé, nous prenons un moment pour admirer la vue, magnifique depuis où nous sommes.
Vue sur Gröna Lund, le parc d’attraction en plein centre de la ville.
Vue sur Gamla Stan. On apprécie le coucher du soleil…
Remarque amusante : nous apprendrons plus tard que ce lieu est en fait un des meilleurs points de vue de la ville. Par chance, nous nous y sommes trouvées pile au moment du coucher du soleil. Un bon moyen de célébrer notre arrivée à Stockholm, malgré nos déchéances horaires.
Nous allons ensuite vadrouiller dans Gamla Stan, et l’expérience nous plait bien. Tous les attrape-touristes sont ouverts, il y a des boutiques viking partout, des gens font la fête dans la rue, les pubs ont l’air sympa, nous assistons même à un mini-concert de musique folk depuis la rue.
Tout ça me console de notre course vaine de tout à l’heure et je papillonne de vitrine en vitrine, émerveillée.
Une armée de Dala horses, symboles de la région de Dalarna (où se trouve Falun). Des jouets traditionnels devenus symboles de la Suède.
DES SOURIS MIGNONNES. Mais elles sont chères. Et puis elles ne servent qu’à prendre la poussière. Et puis elles ne tiendraient pas dans mon sac de toute façon. Et puis… Bref, il me faut beaucoup, beaucoup rationnaliser pour ne pas les acheter.
Un Dala horse en peluche : LE GENIE ! Je garde l’idée dans un coin : il faudra que j’essaie d’en faire un à mon retour.
Enfin, nous arrivons devant l’hôtel, et c’est notre échec horaire final : l’hôtel, qui est en fait une auberge de jeunesse, est fermé. Heureusement, il y a une permanence et on nous donne les codes d’accès.
Une fois à l’intérieur, une enveloppe nous attend avec notre clé.
Les rideaux me rappellent très fortement la tapisserie chez mes grands parents…
Bon, le lieu n’est pas le plus accueillant que nous ayons vu jusque là, clairement ; Kiruna, son chalet mignon et sa chaleur sont déjà bien loin. Difficile de me dire que j’y étais pas plus tard qu’il y a quelques heures, tout va si vite…
Mais bon : les lits sont grands et confortables, et l’auberge (chère pour une auberge de jeunesse) est super bien située, en plein centre de Gamla Stan. Alors on s’installe, et on se prépare à aller dormir.
Très vite, Hime tombe dans les bras de Morphée. Moi, de mon côté, je fais quelques cartes postales, je mets à jour mon journal, et je termine en envoyant des messages à M., qui aurait du être notre hôte à Stockholm (mais finalement non), Rain et Geitz, afin de voir un peu ce qu’il peut y avoir à faire dans la ville. Après quelques échanges, je commence à avoir une vague idée de planning en tête : demain matin, nous ferons du repérage à la gare pour qu’Hime repart d’où elle part lundi matin. Ensuite, à midi, nous tenterons le tatoueur. Puis, l’après-midi, nous pourrons tenter un tour dans Gamla Stan, peut-être dans un musée ou deux. Et le jour d’après, nous ferons le tour de Djurgården, une île-parc à l’air fort accueillant.
J’envoie un dernier SMS à Sarah Burchill, ma bijoutière préférée, pour lui indiquer que nous sommes à Stockholm et arranger un moment pour la rencontrer. Elle me répond avec enthousiasme, et nous devrions la voir demain après-midi : je m’endors donc vers minuit, épuisée, les oreilles toujours bouchées, mais le baume au cœur.
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