Mes personnages principaux

J’ai toujours vu ma vie comme une histoire qui se déroule. Pendant longtemps je me suis contentée d’en être narratrice sans vraiment prendre part à l’histoire, mais il y a de ça un an et quelques (peut-être deux ans, maintenant ?), j’ai pris conscience que j’étais le personnage principal. Je vous en ai déjà un peu parlé, mais ça me semblait être un bon point de départ pour cet article.

Comme beaucoup de gens, je me suis construite sur des modèles (je vous parlerai de ma théorie de la groupie plus tard). Quand on devient le personnage principal un peu tardivement, on a passé beaucoup de temps à admirer sans se rendre compte qu’on imitait. Bien sûr, j’ai en tête plein de ces personnages auxquels je me suis beaucoup identifiée à une période de ma vie, mais toutes les passions étaient passagères, et je serais bien en peine de les nommer.
Et puis soudain, un jeu est apparu sur Twitter, qui m’a forcé à réfléchir un peu à qui j’avais pu imiter, à qui j’avais cherché à ressembler. Vous l’avez sans doute vu passer vous aussi, rappelez-vous :

La question n’est pas si simple. Trois, c’est peu, même sur ma vie pas si longue que ça. Rien qu’à l’adolescence, les modèles se sont succédés rapidement.
Pourtant, trois me sont venus à l’esprit quasi immédiatement, et ce n’étaient pas forcément ceux auxquels je me serais attendue.
Alors j’ai eu envie de vous en parler.

ANTIGONE (Sophocle autant qu’Anouilh)

Antigone, c’est toute mon adolescence, mais pas que. « Je suis de ceux qui aiment, non de ceux qui haïssent ». Profondément idéaliste, Antigone va au bout de ses idées. On m’a déjà opposé que « Oui mais à la fin Antigone meurt ». Et alors ? Certes, c’est une tragédie, certes tout lui pendait au nez, mais Antigone est restée fidèle à ses principes et ne s’est pas laissé marcher sur les pieds. Quel est le but de mener une vie où l’on se ment, si on peut mourir en étant honnête avec soi-même et en allant au bout des choses ? Antigone ne voulait pas mourir, ce n’est pas un suicide, elle savait juste qu’elle refusait de se mentir. Sacrée héroïne, pour moi, même si ça ne veut pas forcément dire que mon avenir sera radieux.
Et puis je lui dois aussi la phrase « Moi je veux tout, tout de suite, et que ce soit entier, ou alors je refuse ! », et je ne peux m’empêcher de me retrouver énormément dans cette impatience caractéristique.
Alors voilà, premier personnage, Antigone. On aurait pu se dire que c’était juste pour mon adolescence, mais non. Ou alors je ne suis jamais sortie de mon adolescence…

  

EDWARD ELRIC (FullMetal Alchemist – Hiromu Arakawa)

J’ai toujours eu un truc pour les mecs à tresses. Alors forcément, j’étais persuadée que j’étais amoureuse d’Edward Elric quand j’étais plus jeune. En même temps, on parle d’un ado ultra classe, au tempérament bien trempé, qui va lui aussi au bout de ses idées. Pourtant, malgré cette amourette, quand je me suis retrouvée face à la question des « trois personnages », Ed est le premier auquel j’ai pensé.
Pourquoi ? J’aurais du mal à le dire, mais en en parlant avec Rain, il m’a fait la même réflexion à mon propos. Je ressemble à Ed. Son esprit sur-rationnel, qui veut tout intellectualiser, ses cauchemars, son envie d’en découdre, le fait qu’il ne lâchera pas l’affaire tant qu’il n’aura pas obtenu gain de cause. Peut-être l’aspect « jeune prodige qui apprend extrêmement rapidement », aussi, l’enfance atypique… Il pourrait y avoir plein d’explications. En tout cas, si je devais n’en garder qu’un seul, je garderais Ed.

TASSLEHOFF RACLEPIEDS (Lancedragon – Margaret Weiss et Tracy Hickman)

Je ne suis pas un kender pour rien. C’est Tass qui m’a tout appris. Frappée par la vagabondite il y a quelques années, j’ai aussi cet aspect totalement naïf et inconscient  : « Oh, un danger ! Allons voir ce qui se trame, c’est une nouvelle expérience ! »
Alors certes, je ne chaparde pas involontairement, mais pour le reste, c’est tout à fait représentatif. Etat d’esprit enfantin et besace pleine d’objets incongrus compris.

Voilà donc comment je me décrirais, actuellement, en trois personnages. Mais je n’ai pas toujours été celle que je suis, et il est possible que j’évolue. Alors, comme je suis une vile tricheuse, je ne vais pas m’en tenir à trois personnages seulement. Je vais aller plus loin, et vais tâcher de vous donner trois personnages qui décrivent mes ambitions et ma frise chronologique. Mes modèles à différentes périodes de ma vie, en somme.

SAWAKO (Vitamine – Keiko Suenobu)

Chronologie oblige, on commence par l’enfance et l’adolescence. Quelle bonne excuse pour vous parler de mon manga préféré, Vitamine de Keiko Suenobu ! Il s’agit d’un one-shot traitant de l’ijime, qui est aussi puissant que violent psychologiquement, et a eu un impact indélébile sur la Lia de 15 ans. Bien sûr, la situation de Sawako n’était pas la mienne, mais je reconnaissais les états d’esprit, et la voir se battre autant m’a donné envie de me battre pour mes rêves. Sawako, tu as été le modèle de mon adolescence, celle que j’ai voulu être dès mes 5 ou 6 ans. Ça a pris du temps.

CLARISSE MCCLELLAN (Fahrenheit 451 – Ray Bradbury)

« J’ai 17 ans et je suis folle », nous dit Clarisse. Si Fahrenheit 451 est mon livre préféré, ce n’est pas un hasard : la première fois que je l’ai lu, après l’avoir fini, je suis restée les yeux dans le vague pendant une heure, à porter mon deuil. Je n’ai plus 17 ans, mais Clarisse est tout ce que je veux être désormais : quelqu’un qui se moque éperdument des conventions sociales et qui vit à son rythme, en prenant le temps d’apprécier ce que les autres n’apprécient plus, en croquant la vie à pleines dents. Quelqu’un qui vit à en mourir, qui fait partager sa passion aux autres envers et contre tout, et qui jamais ne se défait de son sourire sincère.

SUSAN CALVIN (Le Grand livre des robots – Isaac Asimov)

Une psychoroboticienne. Ce n’est pas un hasard si j’ai envie de faire un master en linguistique computationnelle. Le sujet me fascine, il mêle de la logique pure à la sinuosité de l’esprit. Et Susan Calvin fait ça à merveille, tout en faisant fi des qu’en-dira-t-on, elle vit pour elle même, entourée de ce qu’elle aime et peu importe ceux qui ne comprennent pas. On la dit aigrie mais elle vit, elle aussi, toujours de sa passion, et peut-être que c’est bien ça le fil rouge de ma vie. Et c’est sans doute ce que je veux garder pour plus tard. Quand je serai grande, je serai Susan Calvin.

J’aurais pu nommer plein d’autres personnages. Meriadoc Brandebouc, Matilda (Roald Dahl), Rumi (Otaku Girls – Natsumi Konjoh), plein d’autres qui m’échappent pour le moment et sont moins évidents. Mais j’aimerais conclure sur un petit clin d’œil à une adolescente que j’ai forcément été. Et même si, après avoir revu tous les épisodes, je ne la suis plus tant que ça…elle me fait toujours autant sourire et me permet de garder un regard bienveillant sur la période ingrate de l’adolescence.

Et vous, alors ? Qui sont les personnages qui ont fait de vous un personnage principal ? Et ceux qui vous aideront à écrire la suite de votre histoire ?

Published byLia

Hobbite berserk à la plume acérée, aubergiste itinérante, éleveuse de peluches, geekàlunettes, mélomane, linguisticomane et psychocentrée : tant de centres d'intérêts, si peu de temps.

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