#LiaEnScandinavie, chapitre 19 : 27/08/2015 – Du Pôle Sud à la dure réalité

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Le réveil sonne une première fois à 3h30, et je l’entends à peine. A 3h45, cependant, il faut que je me rende à l’évidence : je ne vais pas réveiller tout le dortoir et de toute façon, j’ai un avion à prendre.
J’avais préparé le coup et il ne me reste pas grand chose à ranger ; je suis rapidement debout, prête à partir à 4h15. E. est elle aussi dans les temps et nous allons donc rendre nos clés à l’accueil (ouvert 24/24, ça c’est pratique) avant de nous lancer dans une petite marche nocturne dans Helsinki. Nous papotons donc, voyons des lapins sauvages à côté de l’auberge (la minute mignonne), découvrons de nuit un trajet que nous commençons à bien connaître de jour, et arrivons à la navette devant la gare à 4h45. Large dans les temps.

E. descend au terminal 2, moi au terminal 1 ; je l’abandonne donc à son triste sort, non sans avoir récupéré son contact. Me voilà à l’aéroport… et le terminal n’est pas très grand, en fait. On est loin de l’aéroport de Stockholm Arlanda. Mince, ça ne va pas être très chouette d’attendre là-dedans…
D’un autre côté, il est 5h du matin. J’enregistre mon bagage… Et vais m’écrouler sur un banc pour redormir un peu. Mon avion est à 7h, j’émerge à nouveau aux alentours des 6h30 et fonce à l’embarquement.

Au vu de la quantité de gens qui attendent, l’avion ne va sans doute pas être très grand…

IMG_20150827_070841…et plein de metalleux. Je ne sais pas de quel groupe il s’agissait mais 1. Je les ai déjà vus quelques parts et 2. Ils sont super sympas.

Bref, je ne regrette pas de prendre cet avion. Je suis finalement assez contente de quitter Helsinki, je sais que je n’en ai pas fait le tour mais j’ai, contrairement à d’autres endroits, l’impression d’en avoir assez vu pour cette fois. Et puis dans l’avion, les gens sont très, très cool.
L’avion fait un décollage parfait sur Shut Your Mouth de Pain dans mes oreilles. Cette fois-ci, je suis tout au fond, entre deux fenêtres donc je ne vois pas grand chose, mais je découvre les joies de l’avion à l’arrière : j’ai l’impression d’être dans des montagnes russes. Par contre, le bruit est terrible – même si j’essaie de le couvrir avec le bruit de ma mastication, pour préserver mes oreilles. (Ces chewing-gums auront vraiment été salvateurs.)

Je déplore les nuages qui me bouchent la vue déjà un peu difficile d’accès, mais parviens quand même à voir un bout de Suède au vol. Pincement au cœur. Promis, Suède, je reviens vite. La Finlande ne m’a pas cet effet-là tout de même, mais j’ai eu moins l’occasion d’y faire des expériences exceptionnelles. Une autre fois peut-être…

L’atterrissage se passe, cette fois-ci sans trop de douleur, joie !

IMG_20150827_081405Et me voilà à Oslo.

L’aéroport d’Oslo est accueillant, mais la vérité, c’est que je me perds totalement juste après avoir pris l’escalator. On dirait que je suis la seule de mon avion à aller dans cette direction et c’est très déstabilisant… Heureusement, je finis par surpasser la panique et retrouver mon sac. A mon grand désarroi, ils ont enlevé l’étiquette Stockholm qu’il avait ; il ne me reste donc plus que la Helsinki. Tristesse et désappointement, je n’aurai pas le joli trio. (Tant pis, raison de plus pour retourner à Stockholm !)

Je trouve sans trop de souci le Flytoget, train entre le centre et l’aéroport, et suis extrêmement surprise en bien par les prix. On me demande 30€ pour un aller/retour (tarif normal pour une navette), mais vu mon âge j’ai en fait droit à une réduction « jeunes -50% ».
La navette de l’aéroport d’Oslo est donc moins chère que celle de Lyon pour les jeunes. Moi qui pensais qu’Oslo était une ville aux tarifs inabordables…

Au guichet de la navette, on me donne un plan touristique. Je profite donc du trajet pour l’éplucher, repérer le trajet que je peux faire dans le centre. Je remarque en première page du plan une pub pour le FRAM Museum. Le descriptif me renvoie directement à l’excellente exposition du musée des Confluences consacrée à la conquête du pôle Sud, que nous avions pu visiter avec la bande  en mai dernier. Moi qui n’étais pas particulièrement intéressée par le sujet, je m’étais retrouvée prise dans l’expo, passionnée, à ne pas pouvoir décrocher et à presque pleurer à la fin. (Cette expo était vraiment très très réussie au niveau de l’équilibre immersion narrative / informations et présentation, je vous la recommanderais si elle n’était pas terminée depuis fin juin.)

Apprendre donc l’existence d’un musée où on peut voir le fameux vaisseau d’Amundsen en vrai me titille beaucoup. Bon. On verra quand j’y serai : pour le moment, je suis toujours dans le train. La voix sirupeuse de l’hôtesse au micro me dérange ; j’ai l’impression d’entendre une voix de téléphone rose… A la télé, devant moi, les informations ne concernent QUE des soucis d’immigration. Ca me percute et me choque même, car il y a bien une dizaine d’infos différentes qui défilent. Toutes sur le même thème…

IMG_20150827_085742Premier aperçu d’Oslo depuis le train. C’est un peu gris.

Le train arrive en gare et je sors donc pour découvrir la ville. J’ai une boucle à suivre… Mais le temps est un peu pourri. Bon, ce n’est pas grave. Première étape, droit devant la gare : l’opéra.

IMG_20150827_090324J’ai eu le pied à Stockholm, la main à Helsinki, à Oslo c’est donc… un truc bizarre, mélange entre les deux, en sortant de la gare. 

IMG_20150827_090424 Cette chaîne d’hôtel ne ferait peut-être pas fortune en France. « Hé, j’ai dormi dans un Thon ! »…

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La mer est grise par ce triste temps, mais le paysage n’en reste pas moins joli.

IMG_20150827_091140L’opéra est facile à reconnaître avec son architecture étrange. Je ne peux pas rentrer dedans, mais je peux monter sur le toit !

IMG_20150827_091846 La vue du haut du toit de l’opéra. Ne nous mentons pas : je suis crevée. La pente était raide, mine de rien.

Je redescends du toit, la pluie s’est un peu calmée. Maintenant, un petit tour dans le centre. La carte touristique d’Oslo est moins documentée que celle d’Helsinki, du coup je dois un peu deviner l’histoire de chaque bâtiment. J’erre donc dans les rues.

IMG_20150827_093013Hé, un bâtiment cool !

IMG_20150827_094716 Hé, un magasin très très cool ! (Il s’agit d’une chaîne de magasin geek en Norvège. Je veux que ça s’importe en France. C’est un supermarché formidable. J’ai essayé de me faire embaucher mais ils n’ont pas voulu.)

Le centre a pas mal de bâtiments historiques pas trop éloignés les uns des autres… Je déambule donc en mitraillant, le nez sans arrêt en l’air, à la recherche de petits détails chouettes. Je crois que j’aime bien cette ville. Il y a beaucoup de petites choses à repérer, ici et là…

IMG_20150827_095848Le parlement. Il fait plus petit en photo qu’en vrai.

IMG_20150827_100553L’université.

IMG_20150827_101136Le palais.

IMG_20150827_100003Les… euh… les toilettes publiques ? A la couleur de la France. En français. C’est après une recherche à mon retour que j’ai compris, mais je m’interroge toujours sur la pertinence de cette oeuvre…

IMG_20150827_132143La mairie, avec ses nombreuses statues de femmes franchement dénudées qui ne passeraient sans doute pas la censure en France.

IMG_20150827_132500Ce bas relief pas loin du bâtiment Nobel a attiré mon attention.

IMG_20150827_132508… Tout est une question de point de vue. On dirait qu’Oslo regorge de surprises de ce genre.

IMG_20150827_102046Le bâtiment Nobel, justement, tiens.

Après avoir bien baroudé au milieu de tous ces jolis bâtiments, je me retrouve au port. Après vérification sur le plan, le FRAM Museum est juste en face. Un coup d’oeil à l’heure : j’ai plus ou moins cinq heures. LARGE. Je repense à ce que ma psy m’a rabâché toute l’année, qu’il faut que je fonctionne non en « je dois » et « il faut » mais en « je peux » et « j’ai envie ».
Ben là, en l’occurrence, je crois que c’est clair : j’ai envie de visiter ce musée. Et je peux le faire. Alors allons-y.

Je fonce, achète mes billets très vite, et attrape la navette au vol. Globalement, les gens ne sont pas très sympas, que ce soit au guichet ou à la navette, mais je me dis qu’on est en fin de saison et qu’ils doivent en avoir ras-le-bol des touristes. Je peux même comprendre.

IMG_20150827_103430FRAM Museum en vue !

IMG_20150827_104106 Le Poui est tout excité. Il court partout sur la navette. Reviens, le Poui !

IMG_20150827_104424Débarquement sur « l’île des musées ».

Le musée du FRAM est vraiment reconnaissable par sa forme, pas de risque de me perdre. J’entre donc et suis très très bien accueillie au guichet par un chouette Norvégien qui essaie de dire trois mots en français, juste pour rire, et m’apprend au passage à prononcer les mots écrits en norvégien sur son écriteau.
Bien. Autant sur la navette ils étaient stressés et pas sympas, autant ici, c’est le contraire : détendu et accueillant. J’entre donc dans le musée telle une conquérante…

IMG_20150827_123426…et me fait mettre à terre par ça.

C’est lui, le FRAM, juste devant moi. Le fameux bateau de la conquête du pôle Sud – et pas que. Grosse émotion.

Mais je fais la visite dans l’ordre : je passe dans la première salle et me retrouve nez à nez avec un bateau plus petit, le Gjøa, que Roald Amundsen avait pris pour aller cartographier les mers gelées du passage du Nord-Ouest, au nord du Canada.

 

IMG_20150827_110029Il est plus petit mais il n’en impose pas moins en vrai.

J’en apprends ainsi plus sur la vie d’Amundsen, sa soif d’exploration, ses multiples expéditions, le temps passé avec les inuits à apprendre comment survivre au grand froid, ses échanges avec d’autres explorateurs, ses méthodes et ses outils…

 

IMG_20150827_111703  …ses voyages en avions et dirigeables, avec une chouette maquette.

Il a eu une vie dingue, cet Amundsen. Et c’est vraiment passionnant de lire tout ça. En plus, j’ai même le droit à un bout de visite guidée en espagnol, qui éclaire certains points de l’exposition à côté desquels je serais passée sinon.

L’exposition du musée des Confluences posait un peu Amundsen en personnage antipathique ; le FRAM Museum le montre en héros, mais n’écrase pas pour autant l’expédition britannique lors de la conquête du pôle Sud. C’est hyper intéressant d’avoir les deux points de vue, un peu difficile de faire la part des choses, mais j’apprécie vraiment de pouvoir voir l’histoire sous différents angles. Je manque de pleurer à nouveau en lisant les panneaux consacrés à la tragique exploration britannique du pôle Sud – la fin n’a pas changé depuis la dernière fois et c’est toujours aussi déchirant.

Après ma visite des étages, j’ai un moment de frayeur en allant dans le simulateur de grand froid du musée : je teste, pour voir, et pas de toute, ça caille. Mais surtout la porte ne s’ouvre pas. Je me vois déjà morte congelée dans une attraction stupide, mais quelqu’un ouvre la porte de l’extérieur et je ressors soulagée. J’ai dû rater un bouton. Je me remets vite de mes émotions : j’ai fini les expositions, il ne me reste plus que le clou du spectacle.

Le Poui et moi montons donc à bord du FRAM.

IMG_20150827_122900Il est vachement ému.

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Le plafond s’assombrit petit à petit alors que nous sommes à bord… C’est l’heure des aurores boréales !

Le FRAM museum a en effet un spectacle de projection assez magique qui transforme l’immense plafond en ciel étoilé, traversé par une aurore d’un vert soutenu. C’est très chouette.
Hélas, il est l’heure d’y aller si nous voulons avoir le temps de grignoter quelque chose. En route, le Poui.

Je quitte donc le musée, ravie de ma visite et avec un nouveau livre à lire : une retranscription en anglais des journaux d’Amundsen durant sa conquête du pôle Sud.

IMG_20150828_144951Assurément des heures de lecture passionnante. <3
Je suis donc fort satisfaite et en plus, il ne pleut plus pendant que j’attends la navette. Quel succès, ce micro-passage à Oslo !

IMG_20150827_130014Moment de mignon : des enfants nourrissent les oiseaux.

IMG_20150827_130821 La navette arrive !

IMG_20150827_131112 Au revoir, le musée du FRAM… à côté, un tas d’autres musées, dont celui du folklore viking. Une bonne raison pour revenir !

 Je trace ma route jusqu’au centre, en quête d’un endroit à manger, lorsque soudain…

IMG_20150827_100350IMG_20150827_100350Chouette !

On ne change pas les bonnes habitudes. Un serveur sympa, qui m’aide à choisir, plaisante avec moi… Au moment où je rentre, la pluie reprend en trombes, alors le serveur m’installe même juste à côté de la fenêtre « pour que j’aie une bonne vue des gens en train de se faire tremper dehors ». Moi je profite du chaud et de la bonne musique.

IMG_20150827_140203« Si vous ne finissez pas, vous faites la vaisselle », me dit-on en apportant le plat. Heureusement que le Poui va m’aider !

Mine de rien, j’avais faim, et je descends bien mon assiette. Toutefois, je commence à avoir un timing un peu serré. Je demande donc au serveur de m’emballer le reste du plat. Pas de souci, il fait ça tout de suite, et il m’explique même où aller pour prendre le Flytoget moins loin que la gare. Apparemment, il y a plusieurs arrêts dans la ville, et il y en a un juste à côté. Ca m’arrange, j’avoue que marcher quinze minutes sous la pluie battante ne me motivait pas tellement…

Je récupère donc mon tupperware et file dans la direction indiquée… pour voir le train partir devant moi. Peste et re-peste ! Je ronchonne sur le quai, inquiète. Bon, en calculant, ce n’est pas si grave, en fait j’arriverai quand même à temps pour m’enregistrer, tout ira bien… (En vrai, je suis hyper stressée, mais je me rassure comme je peux.)
Finalement le train suivant arrive assez rapidement et je saute dedans. En route pour l’aéroport.

IMG_20150827_150345Flytoget, le retour. Des hôtesses de l’air rigolent très fort devant moi.

J’arrive dans les temps à l’aéroport et peux enregistrer mon bagage sans souci. Voilà, il ne me reste plus qu’à attendre, maintenant.

IMG_20150827_152512J’aurais adoré cet avion toboggan quand j’étais gosse. Maintenant je me contente d’en vouloir un à ma taille. IL EST TROP COOL.

 IMG_20150827_153550Dernier check-in. Même ça, ça va me manquer.

La déprime s’installe en même temps que moi de l’autre côté de la porte d’embarquement. Il y a des Français partout autour de moi, je me retrouve dans un bain francophone, je comprends à nouveau ce que disent les gens et je m’en serais bien passée. D’un côté il y a une bande de clichés d’école de commerce, d’un autre une famille avec des remarques racistes franchement déplacées. Le rire gras et les blagues vaseuses. Toutes ces choses qui ne m’ont pas manqué une seule fois en quinze jours.
La fatigue aidant, mon moral en prend un coup. En fait, comprendre ce que disent les gens me pèse. Peut-être que les Suédois, les Finlandais, les Norvégiens étaient aussi irritants dans leurs propos, mais je ne les comprenais pas et ça m’allait très bien. Ou peut-être juste que tous ces commentaires stupides sont typiquement français, auquel cas rentrer me met encore plus le moral dans les chaussettes.

Pour ne rien aider, il y a un problème avec l’avion : ils n’ont pas assez de place, et propose un surclassement passant par Stockholm, pour arriver en France à 22h. Si je n’avais pas eu un train à prendre à 21h, j’aurais immédiatement dit oui, ne serait-ce que pour remettre les pieds en Suède le temps d’un changement d’avion. Mais j’ai un train, alors non.
Ma fatigue parle et je commence à craquer. J’envoie des SMS cyniques à mes proches, et je chouine sur mon retour. Pour moi, c’est clairement le symbole que j’aurais mieux fait de ne pas rentrer, tiens !

Finalement, ils nous font monter dans l’avion. Je ne suis pas à côté de la fenêtre, cette fois… Et au décollage, c’est le coup de blues absolu. Je ne veux pas rentrer, je ne VEUX PAS rentrer, j’ai l’impression que ma vie n’est pas en France, elle ne m’attend pas là-bas, que c’est une erreur de partir…

…et en plus, les nouveaux chewing-gums que j’ai achetés sont dégueulasses.

Le voyage passe rapidement, j’écris tout mon saoul pour noyer ma peine. Je prends l’arrivée à Paris comme un coup de massue dans la tronche.

Mon sac est long à arriver, j’angoisse un peu. Il ne manquerait plus que je l’aie perdu sur le dernier tronçon du voyage. Mais non, le voilà, il arrive, et je me mets en route pour la gare. Ce n’est pas hyper bien indiqué, je dois demander mon chemin – et en profite au passage pour aider des anglophones aussi perdus que moi.

L’attente à la gare est longue, mais alors que j’allais ronchonner qu’il n’y avait du wi-fi nulle part en France, je réalise que je peux réactiver mon service de données. Formidable !

Je saute donc à pieds joints dans les conversations Facebook et Twitter en attendant mon train. Lorsqu’il arrive.

A la gare du Creusot, je suis « le petit truc tout noir en train de cracher ses poumons à côté d’un drapeau AVIS ».
J’ai le moral de la couleur de mes vêtements, je suis épuisée et je pue la transpiration – j’ai bien mérité une douche. Encore une heure de route et je retrouve le domicile familial.

Enfin arrivée, à minuit bien tassés, je décide de ne pas faire durer plus longtemps cette journée déjà bien trop longue : trois capitales en 24h sans dormir, c’est bien trop pour une petite Lia.

IMG_20150828_012357Et pour un petit Poui, bien content de retrouver un lit douillet.

Je m’écroule donc sur mon oreiller, comme une bienheureuse…

En planifiant déjà mon prochain voyage dans ma tête.

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