#LiaEnScandinavie, chapitre 1 : Décider le voyage
31 août 2015Avant de partir, il faut décider de le faire… Petit historique d’une prise de décision pas si simple que ça !
Septembre 2014
Mon monde s’effondre.
Si lors de mon séjour à l’hôpital, il ne semble faire aucun doute que je dois retrouver un appartement au plus vite, dans un quartier connu, pour reprendre le boulot le plus vite possible et retrouver tout ce que je connais, tout change dès lors que je suis sortie.
Une certitude, martelée par mon entourage : je ne peux plus continuer comme avant. Il faut que les choses évoluent. Petit à petit, dans ma tête, l’idée de changer de vie… de ville, de pays.
Fuir, peut-être. Pour mieux reconstruire.
Je commence à m’intéresser aux pays étrangers, pour partir « le plus loin possible mais pas trop quand même » (un dépaysement tout en restant pas trop loin du fromage, quoi) et deux pays finissent par s’imposer : la Suède et le Danemark. Des pays « où il fait bon vivre », paraît-il.
Finalement, je jette mon dévolu sur la Suède, aidée par le fait que :
– les étrangers trouvant du travail en Suède bénéficient de 6 mois de cours de suédois gratuits (et c’est pas du luxe vu la gueule de la langue suédoise);
– Rain, qui m’aide à me retaper de loin, petit à petit, ne cesse de parler de la Suède, qu’il en ait conscience ou non, et ça a quand même l’air drôlement chouette;
– Geitz, qui a repris contact avec moi à ma sortie de l’hôpital, y est à ce moment même et pour toute l’année et ce serait quand même vachement cool d’en profiter pour aller le voir et faire du repérage.
Je programme le voyage pour novembre 2014. Un simple tour à Stockholm, squatter quelques jours chez Geitz pour visiter avec lui, et j’en profiterai pour voir le Video Games Live qui me fait très très envie, tout en tentant d’y trouver un boulot.
Novembre 2014
On me diagnostique un PTSD, entre autres.
Je suis interne en foyer et ne peux disparaître pour une semaine. Ratée, l’expédition à Stockholm. Après contact avec Geitz, nous repoussons à janvier. J’ai trouvé des dates convenables, avant mes partiels, quand je reprendrai la fac pour de bon. Ça me mettra du baume au coeur.
Décembre 2014
Je sors de foyer et reprends une vie de Bohême, un peu, squattant allègrement ici et là.
Geitz a des problèmes de logement et ne peut plus m’accueillir en janvier. Nous décalons à nouveau, sans fixer de dates cette fois-ci.
Le 17 décembre, concert de Sabaton. La date est réservée pour moi depuis septembre, mais je suis morte d’effroi. Mes deux cousins m’accompagnent, un ami m’accompagne… ça ne suffit pas. Angoisse profonde pour un événement qui ne devrait m’apporter que du bonheur, mais dans lequel je devrai faire face à la cause de mon PTSD. Jusqu’au bout je ne saurai pas si je m’y rends ou pas. J’écris mon trouble sur une feuille où j’explique brièvement sa cause et pourquoi, si je suis capable de donner cette feuille au groupe, cela veut dire que j’ai fait un pas en avant. Je songe à la prendre en photo et à leur envoyer si jamais je ne surmonte pas cette angoisse, comme une promesse que je réussirai plus tard.
Mais je réussis à surmonter, bien encadrée et finalement heureuse d’être là. J’accède au premier rang malgré mes angoisses. Le début du concert est très difficile, je lutte contre la dissociation une chanson sur deux, massacre la main du pote à côté de moi pour « rester présente », pleure plusieurs fois et manque de vomir sur Carolus Rex. (Oui, c’est une belle merde, d’avoir des triggers sur des chansons qu’on aime beaucoup.)
Et c’est Chris qui ramasse ma feuille sur « To Hell and Back » – la plus appropriée de toutes.
Voilà. Ils savent, et bizarrement, je ne comprends moi-même pas pourquoi, je suis comme libérée d’un poids. Plus détendue, je profite du concert.
A moi d’avancer, maintenant, pour pouvoir réécouter leurs chansons l’esprit libre.
Comme pour valider cette résolution que je me persuade de prendre, sans que j’attende quoi que ce soit de plus, ils me dédient Resist and Bite.
Je pleure encore – mais des bonnes larmes, cette fois.
Et je décide que l’année 2015, je résisterai – et je mordrai.
Janvier 2015
Je n’avais jamais autant attendu un changement d’année dans ma vie. 2015, que tu me fais du bien !
Après conversations avec Geitz, l’idée de faire un festival de metal en Suède me plaît bien. J’ai eu de l’argent à Noël, je regarde les programmations… un fest sort du lot : le Rockstad Falun – Sabaton Open Air.
Il me fait de l’oeil depuis quelques années ; mais surtout, après leur geste du concert, cela ne paraît qu’un juste retour. Je me donne donc huit mois pour continuer sur ma lancée, et si je suis plus stable, si j’ai avancé, alors je pourrai aller les voir dans leur ville natale. Et leur dire merci. Leur dire que ça va mieux.
C’est stupide sans doute mais c’est important pour moi. Ça tombe totalement sous le sens, même.
Je n’hésite pas beaucoup et prends mon billet, camping inclus, en espérant que Geitz sera toujours en Suède à ce moment-là. Si jamais ça ne va pas mieux, je le revendrai, mais je n’ai pas envie de me laisser le luxe d’hésiter : prendre ce billet, c’est un pas de plus pour me libérer la tête.
Puis je vais faire ma maligne sur Facebook en indiquant que je participerai à l’événement. Le fait d’en parler, ça m’oblige à le faire, à y aller. (Même si je ne sais pas encore trop comment, je n’ai pas le choix : le billet est pris, les gens sont au courant, je veux y aller alors j’IRAI et ne changerai pas d’avis au dernier moment.)
Hime, ma femme depuis 5 mois alors malgré notre relation à distance, voit la notification et m’indique qu’elle partirait bien avec moi.
Les choses se décident très vite. Je pensais faire le voyage seule ; Hime sera finalement de la partie. Le festival a lieu du 13 au 15 août.
Le 16 août, nous fêterons donc nos noces de coton ensemble, en Suède. C’est officiel.
Place à l’organisation.
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