En tournée, réalisation d’un rêve – 2 : Ecosse, mon amour

Jeudi 12 janvier 2017

GLASGOW

En théorie, j’étais censée partir ce matin pour Edimbourg ; en pratique, rien ne m’attend à Edimbourg, mon hôte de couchsurfing ne me semble pas fiable et je n’ai pas de plans là-bas (hormis me perdre pour le plaisir), alors que M.et moi avons trouvé tout un programme à faire à Glasgow pour la journée. Le choix est vite fait : je vais check-out de mon auberge, et passer une journée de plus à Glasgow. Tant pis, je resterai moins de 24 heures à Edimbourg.

Je suis réveillée par la femme de ménage, encore un peu dans le cirage après le concert d’hier. Dans un gros accent écossais, elle me demande si j’ai regardé dehors. Il faut que je lui fasse répéter trois fois avant de comprendre…

…il a neigéééééé !

J’ai rendez-vous avec M. vers 13h, je m’autorise donc à traîner jusqu’à 11h, heure limite du check-out, avant de quitter l’auberge. Je lis un peu, écris un peu, relis mon DailyShort de la veille (mais il n’a vraiment aucun sens ?!), et en profite pour faire mon sac avant de dire au revoir à la chambre.

Une chambre à l’image de Glasgow toute entière : kitsch, cosy, et en bazar !

Un fois prête, je prends mes bagages et me mets en route pour ma visite de Glasgow du jour. C’est en notifiant M. de mon départ de l’auberge que je réalise mon erreur. Jamais deux sans trois : j’ai une heure d’avance. Cette fois-ci c’est assez, je change l’heure de ma montre. Je me disais que je n’en aurais pas besoin pour cinq jours au Royaume-Uni mais c’était visiblement une erreur.

J’ai donc une heure de plus à tuer avant de retrouver M. et j’en profite pour flâner allégrement dans la très belle nécropole de Glasgow, qui me rappelle un peu le cimetière du Père Lachaise à Paris.

Nécropole sous la neige…

…mais sous le ciel bleu.

J’ai une fascination pour les cimetières, mais tout particulièrement pour les cimetières écossais. Il y a cette aspect fouillis, jardin sauvage, lieu chargé d’histoire qui me transporte.

 

C’est peut être cliché, mais loin de trouver ça macabre, je trouve ça très romantique finalement. Tant d’histoires à raconter.

Musique dans les oreilles, je m’autorise à me balader entre les tombes en silence, à me recueillir pour des gens que je ne connais pas mais dont, à partir des dates et des citations inscrites sur les pierres, j’imagine la vie. Il y a beaucoup de tragédies, de gens morts trop jeunes, de noms aux sonorités poétiques qu’on aimerait voir revivre. Je retrouve une Euphemia, qui doit être un de mes prénoms préférés depuis que je l’ai découvert dans un cimetière d’Edimbourg, et je me rappelle que cela fait depuis février 2015 que je dois écrire la vie de Euphemia. C’est un défi que nous nous étions imposé avec Rain lors de mon premier voyage en Ecosse. Lui avait déjà fait sa version des choses avec Euphemia Winter. Moi, j’ai laissé traîné. Alors dans ma tête, maintenant, je pense à ma version de l’histoire de Euphemia. Une musique toute mélancolique dans les oreilles, perdue au milieu des histoires des centaines de gens enterrés ici, je me surprends à me mettre à pleurer. Je ne sais pas ce que j’évacue, mais je me laisse aller et ça me fait du bien. Je me sens légère en ressortant de la nécropole et je prends le temps de m’asseoir sur un muret pour écrire mon DailyShort du jour, qui racontera donc enfin l’histoire de Euphemia Brown.

There was something about Euphemia Brown. People would talk to her. They would tell her everything. She wasn't even a therapist. But with her gift, she quickly ended up becoming a Soul Translator. People would come and speak, and she'd listen and remember. And then, later on, she'd translate the story to words. For those who spoke, or their relatives, or for the world. Euphemia Brown was one of the most talented Soul Translators ever known. Sometimes other members of the Translation Guild had problems, as relatives were angry at the stories shared. It never happened to Euphemia. Her stories spoke the truth of the human soul and emotions, as hard as it could be. Euphemia had many disciples, and I was one of them. We would follow her, and she'd explain the tricks. The words. What to listen for. And most of all, what to keep in mind and heart while doing the job. "People are stories and they entrust you with listening and telling them. Don't be skeptical, don't be judgemental. Just be attentive. Every detail count in their mind, especially those they don't say. Go further than the mere words first, and then translate everything back to words again." We would try. None of us was as good as her. Slowly we understood that Euphemia was gifted. And it wasn't only the living she could translate so well. I remember the first time Euphemia brought me along. "This is one of my special orders", she had said. "You may learn from it too." I had followed her to a small graveyard. We had walked among the graves until she stopped before one. There she hit the ground with one foot, and remained totally still, watching the name on the stone as if carving the letters in her mind. She was listening the same way she'd listen to the living. I remained behind, not sure what to do. I couldn't hear anything. After that, we went home, and she told the story of the person under the grave. The order came from her grandson. There were so many things to learn, things to say. I tried to learn from her. There were a lot of trips, in the countryside, in the graveyards, in huge cities, in abandoned mansions… The living, the dead, everyone had stories to tell. [CONTINUED IN COMMENTS]

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Je vous laisse cliquer sur les commentaires si vous voulez le lire en entier !

Une fois mon texte complété, j’ai les doigts un peu trop gelés à mon goût et je vais me réchauffer en visitant la cathédrale de St Mungo, fondateur de la ville de Glasgow si j’ai bien compris.

Elle est aussi majestueusement gothique de l’intérieur que de l’extérieur.

J’ai une fascination toute particulière pour son incroyable charpente. Du bois, du bois, du bois, qu’est-ce que c’est beau…

Je profite d’une exposition temporaire pour en apprendre plus sur la place de la cathédrale dans la société glaswégienne du Moyen-Âge à nos jours, puis il est l’heure pour moi de me mettre en route pour retrouver M.

Nous allons visiter l’université de Glasgow, cette fois-ci de jour.

Et sous la neige !

Je suis conquise.

Décidément, j’ai vraiment l’impression d’être à Poudlard. J’apprécie la balade dans les couloirs, dans les jardins…et dans la boutique de l’université où je finis par craquer pour le pin’s du blason, et un autre pin’s qui croise les drapeaux écossais et suédois. On ne se refait pas !

Après ce voyage dans le monde magique, nous nous rendons à Kelvingrove pour voir l’expo Mucha qui m’a farouchement fait de l’oeil hier (et m’a fortement incitée à rester un jour de plus à Glasgow, j’avoue). C’est très émouvant pour moi de voir toutes ces affiches rassemblées, avec certains crayonnés de Mucha. Je découvre également le parallèle avec Charles Mackintosh, égérie de Glasgow que je ne connaissais pas mais qui est clairement dans le mouvement Art Nouveau. Je tombe amoureuse de ces traits élancés.

Un Mackintosh encadré de deux Mucha. L’inspiration ne fait aucun doute.

Comme dit plus haut, ça me rend toute chose de pouvoir observer les crayonnés de Mucha.

M. m’immortalise en mode « Paint me like one of your Mucha girls »

Une fois l’exposition terminée, nous visitons le reste de Kelvingrove. Le bâtiment est majestueux, les choix d’objets exposés sont… pour le moins incongrus.

Plein de têtes flottantes dans cet immense hall (qui avait également un somptueux orgue)

UN DODO. Il y avait aussi un ptérodactyle mais j’ai perdu la photo.

Cabinet des curiosités, art moderne, histoire naturelle, tout se mélange mais l’ensemble est plutôt amusant, même si on s’y perd un peu. Ce musée est à l’image de la réputation de la ville de Glasgow : complètement barjo !

Lorsque nous ressortons, il est environ 17h et il nous reste un peu de temps pour bourlinguer dans la ville. Je découvre encore des nouvelles choses.

Il est intéressant de noter qu’en Ecosse, de nombreuses églises ont été « recyclées » : salle de spectacle, musée, ici c’est un café. Je trouve l’idée plutôt bonne : cela permet de garder les lieux en bon état et vivants.Et c’est beaucoup moins hypocrite que toutes ces églises avec des magasins de souvenirs dedans !

« Glasgow, c’est la ville du shopping », m’avait prévenue M. J’aurais dû l’écouter. Après mon kilt violet, voilà que, devant la vitrine d’une friperie, je craque sur ces merveilleuses bottes…(heureusement pas à ma taille, mais on est quand même entrées dans le magasin…)

Mais nous entrons quand même dans la friperie et : CETTE ROBE. Elle fait d’ailleurs l’unanimité chez le hivemind Twitterien, alors je ne résiste pas très longtemps.

Un exemple de l’humour glaswégien, qui n’a rien à envier à l’humour gothenbourgeois… Ni au mien ! Pas de doute, je suis dans mon élément dans cette ville. Il  y a eu plein d’autres démonstrations de jeux de mots foireux durant le séjour, j’étais ravie.

Une fois le shopping terminé (je suis faible), il est temps de nous rendre dans un autre restaurant qui semble faire la fierté glaswégienne : le Shish Mahal, restaurant de celui qui aurait inventé le poulet tikka massala (un plat, rappelons-le, garanti British et qu’on ne trouve pas en Inde).

Le restaurant est super classe : avec M., on ne sait pas trop où se mettre, et on ne comprend pas tout ce que disent les serveurs…

M. immortalise ce repas (g)astronomique. Confession : on n’a pas réussi à finir.

L’autre côté de la photo. Je fais peut être peur mais concentrez vous plutôt sur ce merveilleux GARLIC CHEESE NAN.

Bon, la vérité vraie c’est qu’on n’a pas obtenu exactement ce qu’on pensait manger. L’important, c’est qu’on ait pu goûter le fameux tikka massala (je ne regrette rien), et puis le garlic cheese nan à lui seul valait le coup de venir. On se demande un peu où on a mis les pieds quand même, tant le restaurant semble chic et huppé (« On est chez la mafia, c’est pas possible »). Finalement, les serveurs s’avèrent très aimables une fois le premier abord passé, ils nous demandent si nous sommes soeurs, d’où nous venons, ce que nous faisons à Glasgow et nous parlent un peu des plats. Nous discutons, mangeons, calons, prenons un doggy bag et finissons par décider d’un commun accord d’appeler ça un jour et de rentrer tranquillement. Direction chez M. pour ma dernière nuit à Glasgow.

Vous ai-je dit que M. était une personne de goût ? #TeamElephant

Le Poui approuve.

Nous passons le reste de la soirée à papoter autour d’un thé, puis vient l’heure pour moi d’écrire un peu avant de dormir. Je ne prends que trois notes et demie sur le voyage avant de sombrer. Cette fois-ci, pas de cartes postales : juste des DailyShort, des DailyThought, c’est déjà un rythme pas évident à suivre…
Demain : direction Edimbourg, une des villes qui ont ravi mon coeur, même si je dois reconnaître que Glasgow m’a fait beaucoup d’effet.

Vendredi 13 janvier 2017

Réveil matinal, un peu douloureux. Hier soir, j’ai pris un billet Megabus pour Edimbourg tôt ce matin pour pouvoir profiter un peu de la ville, quand même, avant de prendre mon bus de nuit à 22h et quelques. Ca paraissait une idée raisonnable sur le coup, mais beaucoup moins quand l’alarme a sonné. Je n’aurais pas été contre farnienter un peu plus après tout le crapahutage des derniers jours.
Tant pis, je me reposerai quand je serai morte, pour le moment l’aventure m’attend. M. et moi admirons le lever du soleil pendant qu’elle m’accompagne à la gare.

Bye bye, Glasgow!

Après un dernier au revoir, je grimpe dans le Megabus et en route pour Edimbourg ! Sur la route, je découvre non sans amusement l’existence d’une compagnie de livraison qui me plait beaucoup.

« Yo-de-le-heeee-voici-votre-coliiiiis-hoooooo »

Le voyage se passe sans encombres et, soyons honnêtes, je comate un peu en regardant le paysage défiler. C’est en entendant les deux filles à côté de moi s’extasier que je réalise que nous arrivons à Edimbourg. « It truly is the most beautiful city in the world! », s’exclame l’une d’elle.

Difficile de lui donner tort. Avec son château, ses montagnes, ses vieilles pierres, Edimbourg est majestueuse sous le ciel bleu.

On a vu pire accueil.

Je suis toute émoustillée de revenir dans cette ville que j’ai tant aimé il y a deux ans…

EDIMBOURG

A la descente du bus, je file à l’office du tourisme récupérer une carte de la ville, et en sortant, je suis accueillie par le cliché écossais : un cornemusiste au pied du monument à Sir Walter Scott.

Le fameux monument. On ne voit pas le cornemusiste sur la photo je crois…

Je me perds avec plaisir dans les rues d’Edimbourg, retrouve avec joie le charme de cette ville et plein de souvenirs reviennent. Je sais pourquoi je l’adore…Surtout vu le temps qu’il fait. Le Poui et moi décidons de grimper jusqu’au château et à la rue-des-touristes, et je m’aperçois avec joie qu’en fait, je n’avais pas forcément besoin de passer chercher une carte : je m’y retrouve très bien dans le centre rien qu’avec mes souvenirs. Petite fierté.

Château d’Edimbourg sous temps radieux.

Le Poui retrouve sa terre natale avec émotion.

Vu sur la route : « Salon de Tea ». Le Poui et moi saluons le mélange de nos deux cultures

Une fois en haut, le Poui et moi évaluons nos possibilités. Il est déjà presque 12h, nous repartons à 22h30. Sachant que j’aimerais visiter le Museum of Scotland, il ne reste pas assez de temps pour grimper Arthur’s Seat, et puis avec mes bagages, je ne suis pas très motivée (même si je voyage assez léger). Voilà, j’ai une excuse pour revenir. Je dois encore escalader Arthur’s Seat.

Le Poui me souffle à l’oreille que lors de ma dernière venue à Edimbourg, j’avais été très intéressée par un musée nommé « Camera Obscura and World of Illusions », dont la devanture affichait une armée de miroirs déformants et la promesse de moult illusions d’optique à l’intérieur. Etant fan de ce genre de choses, j’opte pour me laisser tenter cette fois-ci.
Le musée tient ses promesses : il s’agit d’une grande exposition d’illusions, effets électriques, miroirs, jeux sonores, peintures et modèles incongrus et installations étranges. Je m’éclate à me perdre dans ses nombreux étages, et arrive en haut pour le spectacle de la Camera Obscura.

A défaut de la vue depuis Arthur’s Seat, la vue depuis le haut de la Camera Obscura ne manque pas de panache.

La camera obscura, chambre obscure donc, c’est une salle sombre, avec un cercle de bois clair en son centre. La lumière entre en filet par le toit, reflétée par un miroir, et vient tomber sur le cercle clair en reflétant les images de l’extérieur. Je ne vous fais pas les explications physiques, Wikipedia s’en chargera mieux que moi, mais c’est un spectacle assez fascinant, surtout quand on considère que rien dans cette salle n’a été changé depuis deux cents ans au moins. Le guide nous fait une visite des vues d’Edimbourg (« Et là, vous avez la chance de pouvoir observer un phénomène rare dans le ciel écossais… le SOLEIL ! »), orientant le miroir à sa guise, nous montrant des petits détails, jouant avec les images qu’il nous montre. Une démonstration à la fois passionnante et amusante. Rien que pour ça, je ne regrette pas mon billet d’entrée. Mais les autres pièces ne manquent pas non plus de source d’amusement pour une grande gamine comme moi…

Le miroir bombé, aka « jenaipascompriscommentçamarche », featuring mes ongles stupides.

La salle des jeux électriques permet de faire plein d’éclairs et d’effets chouettes sur les photos !

Le tunnel de led infinies est du plus bel effet.

Dans la salle des tableaux : saurez-vous trouver le tigre caché dans cette image ?

J’aime beaucoup trop jouer avec des miroirs.

J’aime BEAUCOUP TROP jouer avec des miroirs. J’ai fait le labyrinthe deux fois, juste pour le plaisir de me perdre. Oui, je me suis pris deux murs au passage.

A mon sens la meilleure attraction : le vortex. On est loin du vortex de Sam and Max, mais j’ai littéralement passé la moitié de mon temps de visite dedans. Un simple couloir dont les murs, mis en valeur par la lumière noire, tournent, donnant l’impression que le pont sur lequel on traverse tangue. A force de rester dedans, j’ai réussi à me rendre malade pour les trois heures qui ont suivi. Je ne regrette rien.

L’escalier musical pour sortir du musée. Une marche une note. J’ai joué dessus dix bonnes minutes et ai failli me rétamer plusieurs fois, surtout en sortant juste du Vortex.

Cette vidéo est une bonne présentation du musée en général. On voit particulièrement bien le Vortex à la fin.

Je repasse deux plombes dans la boutique de souvenirs, comme la dernière fois où j’étais venue où, sans avoir été dans le musée, j’avais essayé tout ce qu’il y avait dans les rayons. C’est plein d’objets farfelus, drôles, de livres intéressants. Je finis par repartir avec le souvenir que je juge le plus digne de moi.

« De plus en plus pire, s’exclama Alice ! »

L’après midi est bien entamé quand je ressors du musée, mais je suis loin d’être au bout de mes émotions. Edimbourg me réserve plein d’autres surprises…

Comme par exemple ce panier de pouis dans la rue touristique. J’en suis toute émue. Le Poui fait une drôle de tête.

…En effet, si je n’ai pas eu la chance de rencontrer beaucoup d’autochtones à Edimbourg, je n’en fais pas moins une rencontre bouleversante au détour de la rue. En effet, deux femmes sont en train de faire une démonstration avec des rapaces à l’air extrêmement digne, puis proposent aux gens dans la rue de les porter un moment. Une chouette et un grand duc nous toisent ainsi, et quand je m’approche et vient mon tour, je me retrouve avec un majestueux grand duc sur le bras. Elle s’appelle Gwynelia, elle a trois ans, elle est incroyablement douce et sage, et elle a un regard bouleversant. Je l’observe, elle m’observe, nous échangeons un peu toutes les deux. Je ne veux plus la poser, mais elle pèse quand même son poids, au bout de mon bras, et vient le moment de la redonner à sa dresseuse.

Non sans avoir immortalisé le moment.

Bon, les coulisses sont moins fameuses. On ne peut pas avoir toujours l’air intelligent.

Je parraine Gwynelia à hauteur de cinq livres et m’éloigne, toute sonnée de cette rencontre. Il me faut un moment pour me recomposer, avant que je ne recommence à me perdre dans les rues d’Edimbourg pour me rendre cette fois-ci au Museum of Scotland.

Le Museum of Scotland (gratuit, celui-ci) est un musée d’histoire naturelle plutôt riche et bien fichu dans lequel, soyons honnêtes, je me perds copieusement. Tout y est bien décrit et passionnant, la muséographie est bien pensée, c’est un plaisir (même si ça manque un peu de sens de la visite, ou alors je ne l’ai pas trouvé…) Il retrace toute l’histoire de l’Ecosse, avec des points de vue parfois différents de ceux que j’ai pu étudier, et présente quelques pièces un peu incongrues…

Je vous mentirais si je vous disais que voir Dolly, la fameuse première brebis clonée, ne m’a rien fait.

Après des heures à passer d’étage en étage, je finis par me faire mettre dehors par le conservateur lui-même (en tout cas c’est ce que son badge semblait indiquer) : l’après-midi est déjà terminé, il est 19h, grand temps de sortir du musée et d’aller manger !

Je jette mon dévolu sur The Last Drop, un pub du Grassmarket, qui doit son nom au dernier pendu de la place où il se trouve, et est décoré d’une collection de noeuds coulants. Ambiance… L’atmosphère y est pourtant plutôt chaleureuse, et je ne vois pas de trace de la petite fille censée hanter les lieux. Tant pis, une autre fois…

En revanche, le Poui et moi y mangeons bien : mac&cheese et garlic bread…

…et un awesome toffee brownie en dessert !

Pendant mon repas, on me laisse tranquillement préparer la suite de ma soirée : je réserve une visite guidée payante, le Ghost Tour, qui a une répétition du tonnerre et m’a déjà fait de l’oeil la dernière fois que je suis venue. Si je m’écoutais, je ferais l’intégralité des visites guidées d’Edimbourg, mais il faut faire des choix. J’en ai une autre potentiellement prévue à 20h, gratuite celle-ci, mais alors que je sors du pub, je suis tellement heureuse et repue que j’en perds mes repères et me perds cette fois-ci pour de bon dans les rues d’Edimbourg. Je fais des tours et des détours, ne retrouve plus la rue principale de la vieille ville, et finis par atterrir avec dix minutes de retard au point de rendez vous. Je vois une visite au loin et la rattrape en espérant que ce soit la bonne –pas de chance, c’est une autre visite payante. Oh, bon. Tant pis. Voilà que j’ai une heure à tuer avant mon tour payant.

Je fais contre mauvaise figure bon coeur et vais donner une partie du liquide qui me reste à un musicien de rue qui enchaîne les tubes, jusqu’à ce que sa petite amie le rejoigne et que je me retrouve seule. J’en profite pour aller jeter un oeil à l’église qui fait la fierté des Ecossais, celle avec un ange qui joue de la cornemuse… mais l’entrée est payante. Enfer.

Je me trouve donc un petit coin calme et, malgré le froid, profite de cette dernière demie-heure pour écrire et poster mon DailyShort du jour.

"How is it going?" "Look for yourself." The sight was mesmerizing. The dots of colours were dancing before their eyes, extending so far away that they couldn't see the end. Each dot a planet, each dot a life. This was a whole universe in creation before their eyes. "Are we really going to control this all?" "Who said we would? No one ever took control of a whole universe and we won't be the first. We merely uncovered it." The machine had been going on for decades, and to public audience, it was said that they would be "masters of a new world." "This is just a silly saying, so people would fund us. We won't be masters of anything. We're already losing grasp on it. Look at it expand. Look at the dots multiplying. Look at the colours. We don't understand anything." "But you did push the button." "The button was a fake one. I told you, we only uncovered it all. We just needed money to look further. We are no gods, merely curious observers. But people don't like only observing, they want to control. We do our best to go on with the researches." "What's the point then?" Thoughtful silence. "Observe and learn. Maybe this universe won't make the same mistakes as us. Maybe we can understand ours better. You can never know." "So we're looking at a new universe because we never managed to make sense of ours?" A deep sigh. "I guess we never learn from our mistakes. But to answer your very first question, everything is going well. The boxed Universe is a full success. Soon we'll be able to publically break monumental news. Now you can go and answer the journalists outside." #DailyShort #ShortStory #Story #Stars #Star #Light #Lights #Space #Galaxy #Dot #Dots #Mirror #CameraObscura #Edinburgh

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Enfin, l’heure arrive et je me rends au point de départ de ma visite guidée. Notre guide, Jerry, est un cliché écossais à l’accent qui transperce mon coeur. Pendant une heure trente de pur bonheur, il nous montre les coins et recoins de la ville, nous fait découvrir les sombres souterrains de Glasgow, nous démontre par A+B pourquoi l’être humain a peur du noir, nous fait rire, frissonner, trash-talke Glasgow (ça a l’air d’être un sport entre ces deux villes). Avec mes mauvaises oreilles, je m’efforce toujours de rester près de lui pour pouvoir au moins lire sur ses lèvres ce que je ne comprendrais pas quand il parle. Bougies, fantômes, morts mystérieuses, tout y est. Je vais rêver de fantômes cette nuit.
Enfin, nous arrivons au Greyfriars Kirkyard, le cimetière où se trouveraient notamment la tombe de Tom Riddle ainsi que celle du mari de Minerva McGonnagall, mais aussi et surtout le lieu de résidence d’un des pires esprits frappeurs connus à ce jour. Notre guide nous avertit : il n’est pour rien dans quoi que ce soit qui pourrait nous arriver.

L’ambiance est parfaite.

Jerry nous parle de l’histoire de « Bloody » Mackenzie, l’esprit frappeur du cimetière, et nous fait visiter la zone fermée au public, celle où ont lieu la plupart des manifestations paranormales, et surtout l’endroit où près de 400 personnes sont restées enfermées au XVIIe siècle, car les prisons avaient trop peu de places. La visite est à la fois fascinante… et glaçante. Notre guide est excellent pour recréer l’ambiance, démystifier le mythe… et en recréer par dessus, de sorte qu’on ne distingue plus la vérité du fantasme. L’atmosphère est pesante. Soudain, alors que notre guide nous parle d’une tentative d’invocation qui aurait mal tourné, une silhouette sombre arrive au centre du cercle, hurle, et disparait brutalement. Nous hurlons.
Ce n’était qu’un acteur.
« On est obligés », nous explique Jerry. « Si on ne le fait pas, les gens se plaignent. Mais on a réellement de nombreuses personnes qui nous écrivent après la visite pour témoigner d’agressions paranormales. »

Jusqu’au bout, Jerry saura être fascinant, nous expliquant le fonctionnement de la commission qui prend ces témoignages très au sérieux, les répertorie, les documente… Les fantômes du cimetière du Greyfriar ont encore de belles nuits devant eux.

Je repars ravie de ma visite, plus fascinée par les fantômes que jamais, et avec plus de connaissances sur cette extraordinaire ville qu’est Edimbourg. Mais le séjour s’achève. Il est temps pour moi de rejoindre mon bus de nuis…

Sur le pont avant la gare. Bye-bye, Edimbourg…

Hélas, nous sommes vendredi 13, et j’ai un peu trop titillé les esprits en cette journée fatidique. Ou alors c’est peut-être juste ma poisse qui se réveille : toujours est-il que le bus ne démarre pas.
Nous patientons, une heure, une heure trente… Enfin, un nouveau bus arrive. Mais pas de couchettes cette fois-ci : il faudra voyager assis. Qu’à cela ne tienne, j’ai déjà fait pire. Je m’installe confortablement (le bus reste un Megabus Gold, service de luxe, on a même à manger pour le voyage !), et la tête toujours pleine d’histoire de fantômes, je chantonne Fear of the Dark.

Je finis par récupérer la chanson sur mon téléphone, et en écrivant un peu, je l’écoute toute la nuit. En route pour Londres.

 

 

 

En tournée, réalisation d’un rêve – 1 : le début des hostilités

J’ai toujours été une collectionneuse. Ça m’a posé beaucoup de problèmes par le passé. Il faut dire qu’on est vite limité en place dans un appartement, et que ma collection de 100+ peluches et 200+ objets en rapport de près ou de loin avec les souris s’est rapidement avérée intransportable.
J’en ai déjà parlé dans un article précédent : je me soigne. J’apprends à me détacher du besoin d’accumuler des choses matérielles. Heureusement j’ai aussi d’autres formes de collections qui sont, elles, immatérielles. J’ai une collection de souvenirs à Patronus. Une collection de questions. Et puis surtout, j’ai une collection de rêves.
Ça a toujours été. Ça m’aide à dormir les nuits. Ça m’aide à survivre à mes journées. J’en pioche un, et hop, je suis partie. Ces rêves-là ne sont pas faits pour être réalisés. Je vous parlerai de ma théorie de la groupie bientôt, c’est promis. C’est juste du petit daydreaming pour tenir le coup. Comme quand je traîne sur les sites de billets d’avion et que je m’imagine partir.

Parmi tous ces rêves, il y avait celui de faire une tournée. Depuis mes 13 ans, je rêve de passer de ville en ville en suivant un de mes groupes fétiches… En tant que groupe de première partie, ça aurait été le pied. En tant que roadie, ça aurait indiqué que mes choix de vie avaient drastiquement changé (peut-être pour le meilleur). En tant que fan, ça semblait le plus réalisable (et le plus rigolo). Après tout, il y en avait plein, des fans dévoués qui le faisaient, que les artistes reconnaissaient dans la foule, c’était surtout une question d’argent au fond.

Bon.

Mon groupe n’a jamais fait de tournée. Il n’a pas fait des masses de concerts, en même temps, remarquez. Protip : faire un groupe où chacun des membres est séparé par 300km minimum et certains viennent juste de se mettre à la musique, c’est difficile à mettre en place. Pas impossible, mais perso, on n’y est pas arrivés.
Je suis suffisamment sortie de ma zone de confort pour être volontaire de festival, et j’ai été roadie sur UN concert auquel je n’ai même pas assisté (mais c’était marrant quand même). On est loin des tournées, même si les deux expériences n’étaient pas en France.
Et puis en fait, il s’est avéré que même sans trop d’argent, je pouvais me lancer dans l’aventure de la tournée de fan. C’était stupide, c’était marrant, ça ne me coûtait presque rien à part le voyage, et c’est une fois de plus la faute de S., mon jumeau suédois que je ne vous présente plus, qui a travaillé pour Sabaton que je ne vous présente plus non plus.

C’est ainsi qu’au début de l’année, je me suis prévu mon petit tour des concerts de Sabaton au Royaume Uni. Je n’ai bien évidemment pas fait la tournée complète (je n’ai pas un emploi du temps extensible), mais le peu que j’ai fait a été riche en émotions, et j’ai réalisé mon rêve.
Et pour ne pas oublier, je le consigne ici, parce que quand même : on a bien rigolé.

Un peu de backstory pour comprendre comment j’en suis arrivée là : nous sommes en juillet 2016, Sabaton vient de sortir Blood of Bannockburn, leur nouveau single de The Last Stand, et ce morceau entre directement dans mon top 5 des chansons de Sabaton : il y a de la cornemuse, il y a du vieil orgue électronique old school, tout est old school dans cette chanson d’ailleurs, et ça parle de l’indépendance écossaise. Je suis hilare et conquise, je saute partout, une conviction s’imprime dans mon esprit : je veux voir cette chanson jouée en live en Ecosse.
Et ça tombe bien ! Sabaton viennent d’annoncer une nouvelle tournée. Parmi les dates, une à Glasgow, ville que je n’ai encore jamais visitée. Alors ni une, ni deux : je prends ma place pour le 11 janvier 2017 (je ne sais pas où je serai en janvier 2017, mais le 11, je serai à Glasgow. Point.)
Après tout, les concerts sont ma première bonne excuse pour voyager. Je reste fidèle à moi-même.

Et puis soudain, voilà que tout s’enchaîne. Je retourne en Suède en août, je revois S. qui me dit qu’il va peut-être faire la tournée, qu’il me tient au courant. En novembre, quand je vais assister au concert de Pain à Göteborg, S. me confirme qu’il bossera sur la tournée, et qu’il compte bien me mettre sur la liste des concerts. Alors ni une, ni deux, on se prévoit une partie de la tournée où je le suivrai.
Oui, je suis comme ça, moi. Y en a qui suivent les groupes. Le sort a fait que moi, j’ai suivi le roadie. Et je ne regrette rien.

Nous voilà donc en janvier 2017, et j’ai mon itinéraire beau et tout prêt. D’abord, Glasgow, puis pendant que Sabaton sera à Manchester, moi je vais me refaire un petit tour à Edinburgh parce que je ne peux pas me lasser de cette ville. Ensuite, je les rejoins à Londres (14/01), puis on fait la course de la traversée de la Manche pour arriver à Lille (15/01), puis Paris (16/01). Et Lyon la semaine suivante (24/01).
Cinq concerts en tout, ça me semble pas mal. Peut-être même que je vais juste attendre S. à la sortie et que je ne vais pas tous les faire parce que j’en aurai marre à la fin. Bon, on verra.

Mes billets d’avion et de bus et de trains sont réservés pour tout le périple et ça promet d’être épuisant. Je suis aux anges. J’ai un petit sac à dos et une poche-à-jambe et c’est tout ce dont j’ai besoin pour ce voyage qui ne sera finalement pas si long.

Mardi 10 janvier 2017

PARIS

L’aventure commence au moment de prendre mon avion pour Glasgow. Ma légendaire poisse des transports s’étant cumulée avec la malédiction du RER B, je me retrouve bien évidemment en retard pour l’embarquement. Ce serait trop simple si je n’avais qu’à courir : au check-in, on me demande d’enlever chaussures, ceinture, manteau, veste, bracelets. C’est une première, d’habitude je m’en sors avec seulement un de ces points. C’est ainsi que je me retrouve un glorieux après-midi de janvier à courir à travers le terminal 2D de Roissy Charles de Gaulle en chaussettes, avec tout mon barda dans les mains, pour arriver juste à temps devant l’hôtesse (sur le point de fermer la file d’embarquement) qui me regarde avec des yeux ronds.
Je remets mes chaussures et monte dans l’avion. En voilà un début épique. Le Poui ne tient plus en place : il retourne dans ses contrées d’origine.

Alors que je suis déconnectée et profite du vol pour écrire, sur Twitter, ça se déchaîne. Paraîtrait-il que je maltraite le Poui. A la descente de l’avion, en découvrant le flood dont nous avons été victimes, nous sommes tous les deux indignés. Heureusement, le délicieux petit crachin écossais nous ramène à la réalité.

GLASGOW

« Poui, on y est ! »

Fin d’après-midi. Après avoir retiré de l’argent, nous sautons dans le bus qui fait la navette vers la ville : en route pour prendre possession de nos appartements pour les deux nuits à venir, et retrouver M, collègue linguiste amoureuse des éléphants avec qui il fait bon discuter sur Twitter (spoiler alert: IRL aussi), qui nous invite à visiter Glasgow avec engouement. Chouette !

Mon mythique sens de l’orientation et moi-même nous perdons avant d’atteindre l’auberge de jeunesse. Je descends du bus trop tôt et me retrouve à marcher pendant une petite heure dans les rues de Glasgow. Point positif, je commence à découvrir la ville, et puis je ne suis pas trop chargée et mon GPS fonctionne bien : c’est finalement plutôt agréable. Je suis en contact avec M. qui me guide un peu et nous fixons une heure et un lieu de rendez-vous pour quand je serai posée.

Si l’accent écossais m’avait mis dans le bain tout de suite, l’arrivée à l’hostel ne fait que confirmer la chose. Le Tartan Lodge porte bien son nom : il est fièrement écossais d’un bout à l’autre, de son architecture (super classe) à sa moquette (de tartan).

L’ABC du kitsch écossais.

Je prends possession de mes appartements et le Poui se trouve tout de suite bien confortable. Le lit est chouette, il n’y a qu’une autre personne dans la chambre pour 6 (une Anglaise pas très bavarde), et pour 10€ la nuit, clairement, je ne me plains pas. Dès l’installation j’envisage même de rester une nuit de plus, car mon hôte de couchsurfing censé me récupérer jeudi soir à Edimbourg ne me semble pas très fiable. Je traînaille un peu puis me mets en route pour rencontrer M.
La nuit est quasiment tombée quand je la retrouve enfin (après m’être copieusement perdue, on ne se refait pas), et elle m’embarque dans une fabuleuse aventure glaswégienne avec la visite de Poudlard l’université de Glasgow de nuit.

Inutile de vous dire que j’ai sérieusement les yeux qui brillent.

Nous crapahutons un moment et je découvre l’amour des Glaswégiens pour les jeux de mots (on n’est pas au niveau de Gothenburg mais je salue), je me fais la réflexion qu’ils trébuchent quand même beaucoup (parce qu’ils ont toujours le nez en l’air ? Ou alors parce que leurs trottoirs sont très très inégaux, ce qui est fort plausible), et j’apprends à aimer cette ville qu’on m’avait décrite comme « trop industrielle et pas très intéressante ». (En fait : si, c’est cool Glasgow !)

Après une pause repos + achat d’une boisson dégueulasse (je voulais juste me désaltérer, je me suis retrouvé avec un truc imbuvable), nous arrivons au restaurant que M. a réservé pour nous ce soir, le « meilleur de Glasgow ».

Hé ben il n’a pas volé sa réputation. Si les quantités nous paraissent limite au début, je me rends vite compte qu’en fait non, pas du tout. On mange bien, beaucoup et pas cher. Vous ai-je dit que j’adorais l’Ecosse ?

Nous discutons moult et moult et lorsque nous commençons à piquer du nez dans nos assiettes (et la serveuse nous fait comprendre qu’il faudrait qu’on libère la place quand même, ces Français qui parlent trop en mangeant !), il est temps de se donner rendez-vous au lendemain et d’aller retrouver nos lits respectifs.

Sur le chemin du retour, je délire un peu sur la cathédrale qui explose les clichés du gothique tels qu’on les connaît…

Vous reprendrez bien un peu de gothique avec votre gothique ?

…et je finis par tomber de sommeil sur le coup des 23h, minuit heure française. On ne dirait pas comme ça, mais en fait, j’ai beaucoup marché aujourd’hui… Un #DailyShort peu inspiré plus tard, je sombre dans les bras de Morphée.

 Mercredi 11 janvier 2017

 Je traînaille un peu au lit avant de me rendre compte que bigre et rebigre, je suis en retard. Je me prépare rapidement. Je ne réalise pas trop. Je suis à Glasgow. Aujourd’hui je vais visiter encore un bout d’Ecosse, et puis revoir S. et Sabaton. Je suis en Ecosse.
Je suis en…
…il y a une heure de décalage horaire.
Je suis en avance.
Je décide donc de me promener un peu et redécouvre avec joie le temps écossais.

[Ce Qu’il Faut Savoir] Une Lia en vacances a souvent de la chance avec le temps.

Auberge de jeunesse sur fond de ciel écossais, hashtag no photoshop hashtag no filter.

[Ce Qu’il Faut Savoir²] Le temps écossais est délicieusement imprévisible.

Tellement imprévisible que j’ai pas pu vous faire de photo avant/après.

C’est ainsi que sur le chemin, je me retrouve à faire face à une formidable averse de grêle. Le vent dans la face, la musique dans les oreilles, le soleil dans le dos et les grêlons dans la tronche, ne nous mentons pas : je suis cabossée mais hilare. J’aime vraiment beaucoup trop l’Ecosse.

Je finis par retrouver M. au centre commercial de Buchanan où nous mangeons…

Le coin est sympa, les magasins sont kitsch, c’est parti pour une virée shopping ! Nous déambulons dans les rues du centre, entre bookshops et Tartan House où je craque pour un magnifique kilt violet.

Je n’ai pas de photo de mon merveilleux kilt alors à défaut je vous mets les jeux pour enfants du centre commercial. Y a un PLODOCUS.

Découverte d’un centre commercial de luxe avec son paon et ses barrières en fer forgé, et ses escaliers (et escalators) en bois parce que POURQUOI PAS ?

Je croise aussi le fameux Duc Tête-En-Quille, une curiosité de Glasgow, et son cheval coiffé de la même manière.

Apparemment, c’est là la démonstration de l’humour glaswégien. Depuis les années 80, le duc de Wellington est coiffé d’un cône : enlevez le, il reviendra toujours, et personne ne sait qui le met. Les légendes urbaines comme on les aime !

La journée passe à coup d’achats et de conversations linguistiques, la nuit commence à tomber (et la pluie aussi), il est temps pour moi de dire au revoir à M. et de me diriger vers la salle de concert pour tenter de retrouver S. qui ne m’a pas donné de nouvelles de la journée. J’en suis à me demander si je réussirai à le voir mais qu’importe, ne perdons pas de vue mon but premier : je suis en Ecosse, et je viens voir Sabaton chanter Blood of Bannockburn à l’endroit où elle a le plus de chance de déchaîner les passions.

Quand j’arrive devant la salle, il y a du monde et je réalise que je n’apprends pas de mes erreurs. Je me retrouve en effet à attendre une heure de plus, car… j’ai une heure d’avance. Il faut que je mette ma montre à l’heure écossaise.

Qu’à cela ne tienne. J’envoie un message à S. pour lui dire que je suis devant la salle, papote allègrement sur Twitter, et tue le temps en regardant les roadies décharger le camion. Il pleuvigne, je suis avec amusement les conversations ponctuées de ce merveilleux accent écossais autour de moi, je croise au passage deux Suisses françaises qui font, elles, toute la partie britannique de la tournée (en tant que fan je n’ai aucune originalité), donc je papote un peu en français, et avant que j’aie eu le temps de vraiment commencer à avoir froid ou m’ennuyer, on nous fait entrer dans la salle. Cette fois-ci, rien d’extraordinaire : j’ai mon billet, je fais partie des premiers à rentrer, et je m’interroge sur si je dois me battre pour le premier rang ou pas. J’ai mon manteau et ma veste, je sens que ça va être pénible, et je finis par opter pour une place à la deuxième barrière, devant le bar, avec une super vue sur la scène.

Je crois que c’est la première fois que je suis aussi loin de la scène pour un concert de Sabaton.

Je patiente tranquillement en discutant avec l’adorable couple à côté de moi et en guettant des nouvelles de mon jumeau suédois. Finalement, un message arrive : « Où es tuuuuu ? ». Je lui décris ma situation et nous finissons, victoire, par nous retrouver. « Je ne t’ai pas reconnue, tu n’as pas ton sac à dos ! »
Oh, c’est vrai, c’est la première fois qu’il me voit en mode « ville » et pas en mode « baroude ». D’habitude j’ai toujours mon gros sac de randonnée, c’est plus facile à repérer. Nous discutons un peu, il me montre fièrement son équipement (il est habillé Sabaton de la tête au pied et ça transpire la classe, pour un peu j’en serais jalouse et il le sait), me raconte brièvement son travail. Je lui propose un verre mais il ne boit plus pendant toute la tournée. »Une vie saine », qu’il me dit, mais il ne trompe personne. La vie ne peut pas être saine en tournée…
« On a du temps, ce soir, si tu veux rester un peu après. Et on aura sans doute une journée de repos à Lyon ! Ce serait génial ! »
Un peu, mon neveu. Je croise les doigts que ce soit le cas, mais on verra en temps et en heure. Il y a d’autres concerts avant, à commencer par celui de ce soir !
Après une petite vingtaine de minutes, il retourne travailler, et je retourne m’installer confortablement à ma barrière. Le concert va commencer.

C’est Twilight Force qui ouvre le bal. Je les ai déjà vus au Sabaton Open Air l’an passé, de loin, et leur musique m’avait semblé très happy-go-lucky alors, sans que j’y prête vraiment attention plus que ça (fin de festival, j’étais vannée et les avais observés de ma tente, sous un ciel magnifique dans une atmosphère magique).
Verdict : leur chara-design déchire.

 

Qu’est-ce qu’ils sont choupis, qu’est-ce que leur musique est positive, qu’est-ce qu’ils doivent mourir de chaud sous leurs costumes ! Je tombe sous le charme immédiatement – sans doute parce que nous partageons les mêmes oreilles pointues. J’ai un coup de cœur pour, je l’avoue, le moment où le chanteur met une beigne involontaire au guitariste (c’est tout ce qu’il mérite : c’est un guitariste !) et passe le reste de la chanson à chercher à s’excuser.

Après une setlist d’une trentaine de minutes composée essentiellement de tubes que je ne connais pas encore assez à mon goût (mais ça va venir), durant laquelle ils jouent avec le public, sautent, dansent, se font des blagues, ils concluent sur un magnifique Power of the Ancient Force (version parisienne : la version glaswégienne n’a visiblement pas été filmée), puis laissent la scène à Accept.

Soundchecks, le temps de poster des bêtises sur Facebook et Twitter, de discuter un peu, et la soirée s’enchaîne. Accept, c’est une autre paire de manches, c’est plus ou moins tout ce que je déteste dans le heavy (j’aime bien certaines formes de heavy hein. Mais celle-là, non).
Des guitares qui dégoulinent, dégoulinent, envahissent l’espace sonore, au point d’en avoir la nausée. Un guitariste qui tire toute la couverture à lui et me donne envie de le gifler. Heureusement, le batteur est génial, et je me surprends à ne pas me lasser une seule fois de ses jongles.

Je vous laisse avec cet aperçu qui me semble encore plus long en vidéo qu’en live :

Mention spéciale à Metal Heart et sa foutue Lettre à Elise, mais ne vous en faites pas, j’y reviendrai plus tard.

Je me suis bien dépensée, j’ai bien rigolé : le concert est bon malgré le genre musical qui ne me convient pas. C’est assez étrange, cette alliance Sabaton-Accept, et les Allemands jouissent d’une telle réputation que je suis surprise qu’ils ne soient « que » deuxième partie. Sabaton a bien grandi… Ca fait raler une partie du public d’Accept, qui part à la fin du set sans même voir le dernier groupe. Personnellement, je suis contente d’y avoir assisté, mais je suis contente quand ça se termine. Les premières parties sont terminées : place aux choses sérieuses.

Les roadies démontent la scène et les soundchecks se font sur… du Two Steps From Hell parce qu’on est épique ou on ne l’est pas. Sabaton va envoyer du lourd, et j’ai hâte.Je trépigne. Je ne suis pas la seule.

Enfin, les lumières s’éteignent à nouveau. Place à In The Army Now, que je chante en chœur allègrement, même si je regrette la période où ils entraient sur The Final Countdown parce que THE FINAL COUNTDOWN QUOI.

La setlist n’est d’aucune surprise, je connais beaucoup trop de chansons par cœur, mais ça ne m’empêche pas de sauter partout, de chanter, de faire rire les gens autour de moi et de les entraîner dans ma folie. L’écran géant transforme le concert en une espèce de chouette karaoké géant, les guerriers spartes (que je reconnaitrai plus tard) envahissent la scène sur Sparta, comme tout bon concert de Sabaton qui se respecte l’énergie est bien présente, les gars sont incroyablement bons sur scène, bref, je m’éclate.

Pour autant, ce n’est pas la joie maximale : le son est moyen, le chanteur est visiblement malade (il force sur ses notes, sort régulièrement de scène…), et je suis un peu déçue par le choix de certaines chansons, en particulier The Final Solution que je trouve totalement vide d’émotions alors que sa version studio me met le cœur dans la gorge chaque fois. Les blagues qui l’encadrent sont, je trouve, terriblement malaisantes. Je ne sais plus où me mettre. Heureusement elle est suivie par Resist and Bite. Au moment où je réalise que je vais voir cette chanson en live 5 fois en un mois, j’ai envie de pleurer, je sens mon cœur qui grossit. Je me contente d’envoyer une déclaration d’amour à S., qui sait à quel point c’est important pour moi, à la fin de la chanson.

Le concert touche à sa fin, Primo Victoria a enflammé la salle, mais ils n’ont toujours pas joué Blood of Bannockburn. Qu’à cela ne tienne : il faudra attendre les rappels pour voir la foule exploser. Le public jusque là plutôt sage pour un public de metal (de mon point de vue hein, c’était quand même agité) disjoncte. Ca slamme et pogote dans tous les coins. C’est parti. JOIN THE SCOTTISH REVOLUTION.

Après ce fol hommage au pays où ils jouent, Sabaton enchaîne avec To Hell and Back, avant de saluer et de sortir de scène pour de bon. Voilà, c’est fini. J’observe les roadies qui discutent avec le public et démontent la scène. De loin, S. me repère et me fait coucou pendant 5 minutes. Concours de grimaces. C’est rigolo, mais je ne suis pas sûre de l’attendre. Il se fait tard, j’ai une petite heure de route jusqu’à mon hostel, je ne suis pas seule dans ma chambre, et je ne suis qu’au début de mon voyage.

Je traîne un peu les pieds en sortant, attends un petit moment devant la salle, puis finis par mettre ma musique dans les oreilles et envoyer un message à S. en lui disant que je le verrais à Londres. Tant pis pour ce soir. Il faut savoir être *gasp* raisonnable…

Je traverse donc Glasgow à pied pour rejoindre mon auberge, en continuant l’échange avec S. à coup de vannes, et en appréciant les bâtiments éclairés de nuit. J’ai le cœur brûlant d’émotions, heureuse simplement d’être où je suis, de marcher sous ce faible crachin, E-Nomine dans les écouteurs. Une musique particulièrement appropriée pour se promener dans une ville écrasée par le gothique, de nuit.

Ces éclairages me ravissent.

Je marche sans crainte, j’ai trouvé le Docteur !

Environ cinq minutes avant d’arriver à l’hostel, il ne me reste plus que deux routes à traverser, et mon baladeur juge bon de me passer Dearly Beloved, du Kingdom Hearts Piano Collection, au moment précis où de la neige commence à tomber du ciel.

Je m’arrête et profite de l’instant. Ce trajet de retour, même si je n’ai pu revoir S. à la fin du concert, était parfait. Là, maintenant, je suis exactement à l’endroit où je suis censée être, et c’est un sentiment de plénitude qui me met les larmes aux yeux. Je suis heureuse d’avoir fait ce voyage fou. Et ce n’est que le début…

Je retrouve mon lit, écris rapidement un DailyShort sans queue ni tête…

[DANGER] Authorized staff only. Underground Trespassers will be eliminated. There was the sign, old and rusty. She'd read so much about it, and now to see it for real… She took a deep breath and checked for everything. Her tools and gears had been ready for months, Ever since she had first decided to try. That was stupid, she knew it. But she had prepared. Everybody knew what was meant to be in there. No one had seen it for real, not in the latest centuries. The knowledge had been lost along with civilization. Only legends remained. She was one of the few who still believed in legends. She had decided to get back to the surface, back to the room, to find out the truth. She ignored the sign, crossed the line and went into the room. The metal floor was tainted with rust. The walls were almost crumbling. Everything could fall down anytime. Only one thing remained strong, in the middle of the room, slightly upper than the floor. One big, grey stone that crossed the centuries. She took a deep breath, checked her boots for the last time. There was no way her Underground waves could go through. Her weight was modified too. The stone would go down. Would it though? She read aloud the words on it. She wanted to believe it would, the same way she wanted to believe in legends. "Come what may." She stepped on the stone. It slowly went down, and the door in the back of the room opened. #DailyShort #ShortStory #Story #Glasgow #Stone #ComeWhatMay #AlongTheWay #QueSeraSera #AleaJactaEst

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…et sombre, avant mon dernier jour à Glasgow.

[A suivre…]

Ode à Sabaton

Je n’ai encore jamais dédié un article complet à une seule oeuvre/un seul artiste, si ?
(A part si on compte l‘article que j’ai fait pour présenter ma nouvelle illustration de menu… mais pas sûre que ce soit dans la même catégorie que l’article que je m’apprête à rédiger.)

Quand j’ai ouvert ce blog, je me suis dit que j’en profiterais pour faire des articles courts, de temps en temps, pour parler de mes coups de cœur. C’est à ça que devait servir la catégorie « coups de cœur culturels » (qui n’a pour le moment guère servi, sauf pour les TFGA).
Finalement, les articles se sont transformés pour beaucoup en coups de gueule, et se sont allongés. Je vais donc essayer de revenir aujourd’hui au but premier du blog, même si on s’en est bien éloigné, et vous parler d’un sujet qui a largement dépassé le coup de cœur chez moi.

Sabaton. (Et le Sabaton Open Air, accessoirement.)

Si ça fait quelque temps que vous me suivez, vous avez déjà forcément entendu parler de tout ça : après tout, c’était une des motivations premières de #LiaEnScandinavie, aller voir le Sabaton Open Air. J’ai un lien tout particulier avec ce groupe, maintenant, et des souvenirs liés qui sont tous plus marquants les uns que les autres.

Mais avant de partir dans le personnel, un petit point sur Sabaton. Donc : Sabaton, c’est quoi ?

Une vidéo valant mieux que de longs pavés, voilà : Sabaton, c’est ça.

Deux guitaristes, un bassiste, un chanteur, un batteur. La composition du groupe a changé depuis sa formation, bien sûr, mais l’essentiel est là. (Et en plus, un des guitaristes est plutôt très graphiquement optimisé…mais là c’est mon côté groupie qui parle.)

Du power metal hyper efficace, des mélodies entêtantes qu’on peut chantonner encore trois semaines après les avoir entendues. De l’énergie pure en portées musicales avec un groupe qui arrive à déplacer les foules. Ca se chante à tue-tête, ça se danse. Chaque concert est une fête, et avec le charisme fou de leur chanteur (et le capital sympathie +++ des autres membres), c’est aussi un show hyper bien rôdé, dans lequel non seulement on entend de la bonne musique, mais en plus on rit et on s’éclate. (A ce jour, Sabaton demeure le seul groupe que j’aie vu sur scène à faire des « setlists dont vous êtes le héros », ou échanger des fringues avec le public, public qui ne les laisse pas prendre la parole d’ailleurs).
Le seul truc qui me dérangeait, chez eux, c’était leur thème. Le thème persistant de la guerre, c’était un peu un malaise pour moi, surtout que bon, ils sont bien gentils ces Suédois, mais concrètement, les dernières grandes guerres, on les a pas sentis trop concernés (en tout cas pas dans nos livres d’histoire à nous.)

Et puis finalement, c’est un thème comme un autre… qui plus est un thème qui donne des chansons souvent associées à des histoires passionnantes.
Franchement, Sabaton est le seul groupe que je connaisse qui ait fait son propre site de paroles officielles, sur lequel sont également expliqués les faits auxquels les chansons font référence. Et ça s’appelle Sabaton History Channel, rien que ça. Accessoirement, ils ont aussi fait la soundtrack de Europa Universalis IV : bref, ils ont choisi leur sujet en connaissance de cause et pour le coup, un thème pareil, ils ne sont pas près de tomber à cours d’inspiration.
Et en plus ça aide à apprendre ses dates pour le bac d’histoire, alors : que du bon.

Sabaton, je les ai découverts en 2009, à Lyon, en première partie d’Hammerfall. Concert de folie, ce jour-là, et en plus j’étais très bien accompagnée.
Pas de chance : le public lyonnais (en tout cas à l’époque, je ne sais pas maintenant) est souvent odieux avec les premières parties. Si quelques fans semblent s’être déplacés pour Sabaton, beaucoup semblent là pour Hammerfall et uniquement Hammerfall. Vous savez, ce genre de public qui ne bougera pas le petit doigt si ce n’est pas son groupe ?
Mais public réticent ou pas, en tout cas la sauce a pris pour nous (mes deux cousins, une de mes meilleures amies et moi) et nous avons franchement remué au premier rang, tant et si bien que le groupe nous avait repéré et nous lançait mediator sur mediator… (qu’on a fini par tous rater.)
Premier live de Sabaton, première claque, ils avaient gagné des fans. Nous avons scandé tout le concert « Sabaston, sabaston ! », parce que ça leur allait tellement bien…

Ils ne sont pas repassés pendant un moment, et puis finalement, après un énorme changement de lineup, ils ont reparu en tête d’affiche cette fois-ci, en 2012. Ce concert aussi m’a marqué : premier rang toujours, le public qui ne laissait pas Joakim, le chanteur, parler, les gens qui chantaient et dansaient, les blagues stupides, le tonus du groupe. Le batteur qui jette son tee-shirt sur l’amie qui m’avait offert ma place de concert, aussi, parce qu’elle mimait la groupie et que lui a joué le jeu. SI je me rappelle bien, c’est aussi mon premier concert avec Geitz (à qui je dois un peu #LiaEnScandinavie, rappelez-vous. Je sais, il faut suivre !)
Mon amour pour Sabaton était confirmé.

2013 et le Wacken Open Air, dont la vidéo ci-dessus est tirée. Plus de suprise : l’humour est là, la proximité avec le public aussi, l’énergie toujours au rendez-vous, les chansons toujours efficaces.

En 2014, Sabaton sort son nouvel album, Heroes, dont le clip du premier single m’interpelle par son thème. J’ai déjà travaillé sur le syndrome de stress post-traumatique et je trouve vraiment intéressant de leur part de faire de cette chanson et de ce clip le porte-parole d’une des réalités oubliées de la guerre.

 

 

Et puis après, en 2014, il m’arrive plein de trucs que je vous ai déjà racontés, je découvre ce que PTSD veut dire concrètement, et Sabaton repasse à Lyon. Quatrième concert de Sabaton, et rien n’y fait : c’est toujours aussi top, ils sont toujours aussi bons sur scène, et en plus, ils sont aussi humains qu’ils en ont l’air. Ils le confirment en 2015, quand je les vois dans leur ville natale, Falun, au Sabaton Open Air.

Sabaton, c’est quand même :
– un groupe qui écorche le latin (ça pourrait sembler impardonnable pour moi…), mais constitué de passionnés d’Histoire qui font des recherches historiques avant chaque album ;
– un groupe qui écoute les Histoires de ses fans et en font des chansons (Coat of Arms a été écrit essentiellement comme ça) ;
– un groupe dont le chanteur a offert ses lunettes à un gamin du premier rang qui fêtait ses douze ans le jour du concert, avant de faire chanter « Joyeux anniversaire » à toute la salle, puis de lui faire choisir la chanson qu’il veut ;
– un groupe qui reste près de ses roadies et les motive (voire les invite à bouffer)(et leur offre des trucs débiles) ;
– un chanteur qui a un jour perdu un pari et décrété qu’il traverserait la Norvège à pied pour aller à un festival. Et qui a failli le faire (il ne lui restait plus grand chose quand il a fini par abandonner pour sa santé) ;
– un groupe qui fait des tour vlogs en permanence (même quand ils ne font pas de tour) (génies de la com, les mecs) ;
– un groupe qui valorise tellement sa ville qu’il participe à plein de petits événements, va faire des cours de musique dans les écoles, tout en alternant avec des scènes énormes ;
– des mecs qui ont réussi à tous garder une vie personnelle stable (dans le milieu c’est pas toujours simple, bravo les gars) ;
– que de la gueule sur scène, mais ils assument et y vont jusqu’au bout (au point de faire des pompes sur scène. Pourquoi ? Juste parce que) ;
– un groupe qui prend les gens paumés dans leurs bras spontanément…

Bien sûr, beaucoup de ça peut être très superficiel. Je ne sais pas à quel point ils sont vraiment bien au quotidien. Mais dans leur relation avec leurs fans et avec leurs collègues, ils sont fantastiques.

Ce qui me conduit enfin à parler du fameux coup de cœur.

J’ai adoré le Sabaton Open Air. L’atmosphère chaleureuse et familiale d’un festival à taille humaine, le fait de connaître tout le monde au moins de vue en trois jours, les scènes pas forcément énormes mais avec des shows de qualité, le cadre camping… Du coup, j’ai eu envie de garder une trace et d’acheter le DVD Heroes on Tour, qui devait contenir ce fameux concert en plus de celui au Wacken Open Air (un concert « gros public », un concert « familial ». On verra plus loin que Sabaton ne déconne pas avec la famille).
Et quand on aime on ne compte pas, j’ai donc précommandé la version earbook dès son annonce de sortie.

Je ne regrette rien.

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Deux blu-ray que je garde sous le coude pour quand j’aurai un lecteur ; deux DVD ; un CD audio ; un poster de bonne qualité ; et surtout un magnifique bouquin plein de photos de live. Je suis sans doute trop matérialiste, mais c’est vraiment un bel objet que je suis contente d’avoir dans ma bibliothèque.
Et au-delà de l’objet même, c’est une véritable collection de souvenirs, cet enregistrement : revoir le concert de Falun, c’est retrouver les visages des gens au premier rang, ceux avec qui j’ai passé une journée complète, et ces visages dans la foule de ceux qui étaient mes voisins de tente, avec qui j’ai partagé une bière ou chanté ou discuté : le Loulou, mon hôte de couchsurfing A. en train d’installer la scène, les Finlandais, les vigiles, le Polish Panzer Battalion… C’est un peu comme un de ces albums photos de colonies de vacances, qu’on fait pour se rappeler des gens chouettes avec qui on ne discutera sans doute plus jamais, ou en tout cas jusqu’à la prochaine colo. En plus, le concert est bien fichu : ils ont décidé de suivre un ordre chronologique dans leurs chansons, entrecoupées d’anecdotes sur le parcours du groupe : une vraie rétrospective

, quoi.

Mais ce qui est vraiment chouette, en plus de tous ces souvenirs, c’est que Sabaton, une fois de plus, fait preuve de sa folie douce.
Le live de Falun est présenté en cinq minutes, avec des artistes invités, des roadies, la vidéo est mignonne. Et soudain, là où on ne s’y attendait pas : la catastrophe.

« Despite having put a man on the moon 50 years ago… we can apparently still not fix a multi track recording. »

Un mois après le concert, le groupe s’est aperçu que leur audio avait été mal enregistré. Il ne leur restait que des pistes mélangées, un gloubiboulga de son dont ils ne pouvaient rien faire, et les enregistrements de mauvaise qualité pris par les caméras. Que faire ? Je suppose qu’ils auraient pu se dire « Tant pis, on a déjà Wacken », mais Falun, c’était important, il fallait sauver la mise.
Alors Sabaton a étudié les possibilités, mis à contribution le génie de Peter Tägtgren (un de ces quatre, je vous parlerai de mon obsession sur Tägtgren, aussi, mais pas tout de suite). Ils ont ensuite extrait ce qu’ils pouvaient de la mauvaise bande son, monté la vidéo qu’ils ont apprise par cœur… puis se sont enfermés dans leur studio et ont refait tout leur set, en une prise, avec des conditions sonores qu’ils ont cherché à recréer aussi proche de la scène.

Autrement dit, les mecs se sont post-playbackés. Et le pire c’est que ça marche.

Ils auraient pu passer ça sous silence, mais ce n’est pas le genre de la maison. Sans se laisser démonter, Sabaton joue la clé de la transparence : dans l’introduction, ils expliquent donc le pourquoi du comment, la mise en place de la solution et proposent de voir l’image non seulement du concert… mais aussi celui de l’enregistrement studio fait pour sauver les meubles. Et franchement, pouvoir voir les deux, c’est hyper intéressant.

Le DVD permet donc facilement de passer d’un angle à un autre : celui du live, avec le public, les décors, les costumes, les feux d’artifice, ou celui du studio, où chacun est en jeans-basket-cheveux gras, affalé sur un sofa, en train de regarder la vidéo pour ce qu’on devine la deux-centième fois, mug de thé sur la table à côté… Et autant les images du live font remonter les souvenirs de l’été dernier, autant celles du studio réveillent une toute autre forme de souvenirs, ceux d’un petit groupe où j’étais claviériste, et qui s’est retrouvé plusieurs fois retrouvé à aménager des studios de fortune pour enregistrer de manière assez cavalière… Le guitariste et le bassiste qui font les ânes, le chanteur qui est sur son téléphone pendant les solos, Quelque part, ça me fait chaud au cœur de m’apercevoir que même en étant au niveau de renommée de Sabaton, on ne se défait pas de ce côté « à l’arrache » (mais pas trop) : ça leur donne une dimension encore plus humaine pour moi. En plus, j’ai l’impression que ça me fait vraiment deux lives en un : celui où j’étais, et celui où je les vois en studio. J’adore.

Alors voilà, mon coup de cœur : Heroes on Tour, qui non seulement correspond à mes attentes, mais en plus les dépasse de manière assez surprenante.

Je vous laisse donc sur un des plus beaux passages du concert, la « chanson émotion ». J’ai pleuré une fois, deux fois… Ça ne rate jamais pour moi.
J’espère que ça vous plaira. Et vraiment, si vous avez l’occasion de voir Sabaton en live un jour, même si vous n’aimez pas le power metal : foncez. C’est un show qui en vaut la peine.
De mon côté, j’affirme mon amour pour ce groupe, leur musique, leur énergie et leurs shows inoubliables ; mais aussi et surtout leur humanité et leur proximité.
Moi, je retournerai sûrement en Suède, pour les huit ans, ou neuf ans, ou dix ans du festival. Et peut-être comme volontaire, cette fois, pour passer de l’autre côté de la barrière.

(Vidéo garantie avec des vrais bouts de Loulou, de vigile gentil, de Lia et de Finlandais dedans.)

(Oui, je sais. J’avais dit que mes articles « coups de cœur » seraient courts…. Mais bon, c’est Sabaton. C’est normal.)