Nature morte au Mort-né ou Andromega au pays du metal ambivalent

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Ça fait au bas mot six mois que j’ai envie de vous faire cet article, sans jamais prendre le temps. Mieux vaut tard que jamais, paraît-il.
Je vous parle de musique de temps en temps, dans le coin. Rappelez-vous : je vous ai déjà parlé de Sabaton, de Midnight Street, de Mark Zero, de X Japan. (Oui je sais, c’est éclectique, je ne peux pas m’en empêcher, mais on dirait que ça ne vous fait pas fuir. Merci d’être encore là).
Aujourd’hui on retourne encore une fois en Suède, et on va parler d’Andromega.

Andromega, c’est qui ? Un.e artiste de Falun qui a, en 2015, décidé de faire son propre album sous un autre nom.
(Bon, maintenant, iel a bougé à Gothenburg. Décidément, ils ne peuvent pas s’en empêcher.)
Sur Internet, on lae trouve sous le nom de Simmelsnuff, ou plus simplement, Simmel.

(J’en vois qui me connaissent bien qui haussent un sourcil, là-bas, dans le fond. Oui, aujourd’hui on chronique le projet perso du fameux S., que j’appelle mon jumeau suédois. Je n’ai aucune honte, et vous allez vite voir -et entendre- pourquoi ce n’est pas seulement de la promo assumée, mais un avis globalement objectif.)

Vous êtes prêts ? C’est parti.

Avec Still Life of a Stillborn, un album qu’iel a mis 9 mois (un temps de gestation difficile à ignorer quand on sait que le symbolisme est au centre de l’oeuvre) à mettre au point, Andromega nous embarque dans un voyage qui mélange de nombreux styles de metal, mais pas que. En sept pistes, on passe de la colère aux larmes, avec des passages étonamment apaisants au milieu. Une fois n’est pas coutume, je vais vous faire des points piste-à-piste, vu qu’il n’y en a pas tant que ça.

A Minute of Silence (as Experienced by 911129) est exactement ce que le titre indique : ouverte par un long cri, la piste dure tout juste une minute. Une minute de bruit blanc, couvert de ces pensées volatiles qu’on peut avoir parfois. Pas vraiment de musique ici hormis quelques anecdotiques notes jouées en fond et la saccade des syllabes qui nous sont jetées à la figure, mais la composition sonore est prenante : les phrases fusent, les intonations diffèrent, les voix sont graves, aigues, superposées, rien ne fait sens séparément et pourtant l’ensemble se tient. On se perd dans ce court stream of consciousness auditif qu’il faudra écouter plusieurs fois pour en saisir les différentes couches. Une phrase finit par s’imposer, « Gâche ta vie pour la garder un peu plus longtemps », répétée, hurlée, de plus en plus nettement, pour enchaîner directement avec la chanson suivante dont elle fait l’introduction.

On passe ainsi à Shitizen, un titre à nouveau bien explicite. J’aime l’utilisation du mégaphone à l’entrée pour une phrase qui résonne particulièrement chez moi « Le premier pas vers la liberté est de réaliser qu’on est dans une cage ». Le thème entier de la chanson semble être « Panem et Circenses » : la dénonciation de cette tendance à se protéger de toute expérience, de se satisfaire d’une zone de confort pauvre au détriment de tout ce qui pourrait faire vivre… bref, un « mode survie » dans lequel sont plongés de nombreux concitoyens. La phrase « Tu gâches ta vie pour la garder un peu plus longtemps » revient au milieu de la chanson et fait écho à une citation qu’Internet me dit être de Maupassant « On n’a jamais vraiment vécu tant qu’on n’a pas frôlé la mort. » Si cette phrase a longtemps été celle gravée sur le zippo que mon cousin m’a rapporté du Vietnam, elle a aussi cette résonance interne, ce côté « je crois que je vois de quoi tu parles, et ma vie n’en a un goût que plus étrange ». La même impression que me fait cette chanson.
Musicalement, on est sur du death metal hyper efficace. Le flow de paroles défile, accompagné par une musique qui secoue et sur laquelle on se verrait bien pogoter et headbanguer. Pas à dire, dès le départ, je suis embarquée dans l’album, c’est le genre de musique dont j’ai besoin en période de frustration, d’agacement, de la violence cathartique qui fait du bien aux oreilles. Chanter « Esclave du paradis des 35h » dans le métro en allant au boulot a un côté délicieusement ironique dont je ne me lasse pas. La chanson se termine sur un « Libère ton esprit » ponctué d’un larsen bien placé. Une bonne mise en bouche pour la suite de l’album.

Après un silence et des bruits de studio, on enchaîne avec 373. Cette chanson a une place un peu particulière dans mon cœur : vrai coup de foudre de l’album, elle est aussi celle pour laquelle j’éprouve les sentiments les plus ambivalents. Les paroles sont malines, avec un refrain qui fonctionne particulièrement bien (« Tout le monde veut rentrer dans les rangs, je veux juste en sortir en courant », en gros). La lecture de ces paroles m’a donné envie de casser des choses, car qui donc est cette personne qui s’octroie le droit d’écrire ce que j’ai vécu et ce que j’aurais pu écrire, de dire ce que j’aurais voulu entendre plus tôt, de mettre en musique ces morceaux de ma vie ? Il y a beaucoup trop de choses connues dans ces paroles, au point que si j’avais eu Andromega sous la main en les lisant, je lui aurais sans doute arraché les yeux tant j’étais furieuse. La colère, ce vecteur sentimental qui apparaît en cas de surplus d’émotions…
Musicalement, ce n’est pas forcément simple à catégoriser. On est sur du metal, un mélange de death et de numetal je dirais, qui n’est pas sans me rappeler Trivium sur certains points, mais en beaucoup plus poussé. Le flow de paroles est à nouveau extrêmement agréable et maîtrisé, alternant voix grasse, growl et scream, la guitare vient agréablement répondre à la voix avec un contrechant (oui, je trouve une guitare agréable, c’est vous dire si j’ai aimé cette chanson). Bref, rien à redire : le genre de chanson dont on voudrait qu’elle dure plus longtemps, mais elle ne dure que quatre petites minutes…

…avant de se terminer et d’être suivie par Please Be My Cause of Death. Cette chanson est peut-être celle qui me laisse la plus perplexe de l’album. La chanson, assez malaisante, se présente au niveau des paroles comme un dialogue entre deux entités (A. et M.), qui décrivent une relation tout sauf saine. L’interprétation est très libre : on pourrait la voir comme un combat contre soi-même, comme une relation interpersonnelle qui tourne mal, pour ma part je privilégie une interprétation encore plus poussée et qui me met encore plus mal à l’aise (et les dieux savent qu’une relation malsaine me met déjà bien mal à l’aise).
Musicalement, c’est une ballade plutôt plan-plan qui souffre beaucoup d’être à la suite de 373. Pour moi, c’est un peu le point faible de l’album, s’il faut en nommer un. La voix clean n’est pas toujours maîtrisée, parfois saturée à un point peu agréable et cela se ressent dans l’atmosphère, mais cela n’ajoute que du malaise. En vérité, la construction de la chanson embarque bien l’auditeur jusqu’à un climax auditif qui donne tout son sens à la chanson (« Oh mon Dieu, la coupure est trop profonde ! » / « J’ai tout perdu », en réponse à « j’ai tout trouvé » plus tôt dans la chanson). Je suppose qu’on tombe dans la catégorie « Ça aurait pu être une ballade qui parle d’amour, mais ça se finit en bain de sang et de la torture de guitares. »
La chanson se termine sur un bruit blanc (de pluie ?) reposant et bienvenu après une chanson aussi lourde émotionnellement, et enchaîne sans transition avec la suivante.

I’m Not Religious (But I Think Mike Patton May Be A God) est un monument de neo-metal expérimental. Si le refrain a pour moi des indubitables échos de Linkin Park à la grande période d’Hybrid Theory, les couplets, eux, partent dans tous les sens. Si cette chanson était un tableau, je ne saurais pas où poser mes yeux. Scream, growl, voix parlée au flot soutenu, mégaphone, guitares qui hurlent, on fait face à un paysage musical peu commun. Et il en va de même pour les paroles : références culturelles, dénonciation, jeux de mots, rien n’y coupe. La chanson rebondit et fait rebondir. Le titre met le doigt sur un point qui me fait défaut pour comprendre l’intégralité de l’album : la culture musicale. Je n’ai plus ou moins, je l’avoue, jamais écouté Mike Patton, et je sais que ce n’est pas la seule référence musicale qui me manque pour pouvoir profiter à 100% de l’album. Une porte ouverte vers de nouvelles écoutes, donc, et je pense que c’est plutôt fort pour une chanson.

Guided Meditation for the Hyper-Active and Faint of Heart est, là encore, tout ce que le titre laisse à penser. On met le metal de côté un moment et on se concentre sur soi-même. Un repli interne guidé par une voix très douce qui conduit facilement à la transe. Les effets sonores viennent compléter le texte de manière très touchante, et le beat qui aurait pu être rapidement agaçant s’avère en vérité très bien guider les battements du cœur. Je me laisse agréablement porter par cette douceur et cette sérénité, suivant des paroles qui me parlent à nouveau tout particulièrement et qui guident, à mon sens, très bien la méditation. Les mots sont choisis, pesés et recherchés (qui utilise « tepid » ?!), délivrés de manière claire, et la voix déformée ne pose pas de problème, ajoutant de la profondeur au message. Si je n’avais pas craqué pour 373, cette piste serait sans doute ma préférée, et c’en est définitivement que j’écoute pour m’endormir ou pour me recentrer après une crise due au stress post-trauma, tant la phrase finale (« Laisse toi devenir quelqu’un d’entier ») m’apaise. Je ne sais pas si c’est de l’ASMR, mais c’est certainement quelque chose qui a à voir avec la cohérence cardiaque. « Inspire, expire… »

Mais cette sérénité ne dure pas. The Hole That Isn’t est sans doute la chanson qui, de tout l’album, prend le plus aux tripes. Le titre définit bien ce creux dans la poitrine, berceau de toutes les angoisses et toutes les dépressions, et ce qui suit ne fait que conforter cette impression. Le scream déstabilise dans un premier temps et n’est peut être pas le choix le plus évident, la voix claire souffre à nouveau d’un léger manque de maturité (et un mix peut être un peu faible), mais le battement des riffs crée une impression de lourdeur tout le long de la rhapsodie qui se déroule sur plus de huit minutes, mélangeant black, death, et beaucoup d’émotions. La batterie, pesante elle aussi, fixe le rythme au cœur et on se retrouve à retenir son souffle lorsque la voix reprend, plus calme que jamais. « Je n’ai jamais fait grand cas de ma personne, seulement de ma douleur, je me coupe pour communiquer, mes cris sont la seule chose qui me permettent de rester sain d’esprit ; je suis un rouage brisé dans un mécanisme électronique, ma vie n’est qu’une obligation, si je ne peux choisir ma propre vie, au moins, je choisirai ma mort. »
La mélodie est à la fois sereine et destructrice. Tout s’enchevêtre pour diffuser un message ambivalent, qui se termine sur un ultime cri… qui ne semble être autre que celui qui ouvre « A Minute of Silence ».
Comme sur tout le reste de l’album, aucune place n’est laissée au hasard, ici : Still Life of a Stillborn est un album qui s’écoute en boucle. Après la chute de cette chanson particulièrement violente au niveau de son message, on se réveille violemment, avant de retomber (« crash back down »), comme une Alice, dans ce pays de rêves et de cauchemars, l’intérieur de la tête d’une personne qui se laisse envahir.

En bref, Still Life of a Stillborn est un album entier, au mix globalement malgré quelques faiblesses au niveau vocal, hyper versatile musicalement (ce qui le rend globalement inclassable et c’est très bien comme ça), et malin tant dans sa musique que dans ses paroles. Personnellement, sur moi, ça marche tellement bien que ça m’a plus d’une fois donné envie de casser des choses parce que je ne savais plus quoi ressentir. Tout résonne. Les accords, les mots, les nombres, les rythmes, tout est savamment pesé, choisi. Fortement empreint de symbolisme, cet album ne pouvait que me faire vibrer.

Finalement, avec cette oeuvre d’Andromega, on a un peu affaire à une autobiographie musicale profondément intimiste, qui a des messages à faire passer. Lesquels ? Moi je les ai trouvés, mais je vous laisse faire votre propre avis, car s’il y a une chose sûre, c’est qu’il y a de nombreuses interprétations possibles, et c’est ce qui rend l’album si intéressant.

Simmel ne souhaitant pas faire payer sa musique, vous trouverez l’intégralité de l’album en écoute libre sur Spotify et Soundcloud. Je déplore évidemment l’absence de Bandcamp ou de lien vers des mp3 en DRM-free, mais je ne désespère pas de le convertir un jour.

Si vous êtes curieux, vous trouverez aussi les paroles par ici (et vous pourrez au passage remarquer que même visuellement, pas grand chose n’est laissé au hasard…)

En espérant que l’album vous parlera autant qu’à moi, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne écoute !

Voyage à Ballistica, pays de Mark Zero

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Je n’aime pas la guitare. Vous le savez, non ?

Il me semble être une de ces personnes qui revendique sa haine nette pour cet instrument du diable. Je veux dire, ça dégouline, la guitare, et les guitaristes aussi d’ailleurs. Ça m’énerve. C’est omniprésent, envahissant.

« Mais Lia, t’es pas fan de metal ? »

Oui, je sais. Je n’aime pas la guitare, mais j’aime le metal. Et puis le blues, le jazz, le flamenco… J’aime la musique avec de la guitare dedans, en fait. On s’y fait. Suffisamment pour qu’aujourd’hui, j’aie envie de vous parler d’un groupe avec non pas UNE… mais DEUX guitares.

Gasp.

On va aller faire un petit tour en Suède, parce que vous l’avez compris  à force, j’aime bien ce pays. On part du côté de Göteborg, deuxième plus grande ville de Suède (543 000 habitants… les grandes villes de Suède) ; une bourgade un peu industrielle du sud ouest, au bord de la mer, réputée pour son dynamisme et ses jeux de mots de merde. (Ce sont réellement les deux choses qui sortent en premier quand on parle de Göteborg à un Suédois. Je sais pas vous mais personnellement, ça me fascine et me donne très envie de faire mes valises et de sauter dans le premier avion. Je ne suis sans doute pas très objective.)

Ville jeune et qui bouge oblige, Göteborg est le berceau de nombreux groupes de metal. Parmi ceux qui sont arrivés jusqu’à nous, on compte par exemple In Flames, Hammerfall, Evergrey ou Dark Tranquillity.
Et puis il y a Mark Zero (qui trichent un peu : ils sont, à la base, de Falun, alors ils sont encore plus chers à mon cœur).

Mark Zero se présentent eux-mêmes comme un groupe de « heavy rock mélodique, dans un paysage musical sombre, avec beaucoup d’agonie et d’anxiété, des mélodies soutenues et des paroles qui ont du sens, et des guitares franchement désaccordées. »‘
Dit comme ça, on s’attend un peu à du pesant, du violent, limite glauque.
Spoiler alert : pas du tout. (Enfin pas trop.)

Mark Zero, je les ai découverts franchement par hasard à Falun, en 2015, à l’occasion du Sabaton Open Air. A l’époque c’était « le groupe de musique du pote de mon hôte de couchsurfing » (ça a l’air très compliqué mais en vrai, non. Disons que ce sont des amis d’amis, donc par extension des amis potentiels quoi).
J’avais vu leur set de très loin, juste assez pour m’être fait la réflexion que « Ah tiens, là j’aime bien ce que j’entends ».

Après coup, j’étais allée chercher un peu plus loin (en partie pour #LiaEnScandinavie, j’avoue), et m’étais aperçu qu’en fait, j’aimais bien tout ce que j’entendais. Mais voilà, c’était un groupe de passage…
…jusqu’à septembre dernier où ils ont annoncé la sortie de leur album. Avec le teasing associé, mon intérêt était piqué.
Il a suffi d’une vidéo pour me convaincre de précommander.

« I don’t ever wanna feel that way again »
(Ca y est, c’est reparti pour que je la chante toute la soirée.)

Bleed It Out, premier single de Ballistica, est à l’image de tout l’album, qui est enfin sorti lundi dernier et que j’ai écouté au moins trente fois depuis.

Ballistica, en trois mots : direct, hypercatchy et efficace.
Le genre de musique qu’on se retrouve à chantonner inconsciemment encore deux ou trois jours plus tard, en rebondissant un peu et en imaginant les pogos possibles. Quelque part, mes trajets sont moins pénibles depuis que j’ai du Mark Zero dans les oreilles. Je suis peut être bizarre, mais c’est presque de la Feel Good music, pour moi : tout l’album a un bon petit goût de nostalgie. Chacune de leurs chansons est une nouvelle madeleine de Proust à sa manière. Ils prennent tous les éléments qui ont constitué mon adolescence et les jettent dans leur paysage sonore.
Je retrouve du metal industriel, je retrouve les sonorités de heavy/numetal qui m’ont fait à 13 ans basculer du côté saturé de la force, je retrouve une évolution que j’ai moi-même vécue dans la musique. J’écoute allégrement cet album comme je pourrais sautiller sur un House of Wonders de Lovelorn Dolls, un Minutes to Midnight de Linkin Park (on est d’accord, c’est pas leur meilleur, je sais, mais c’est à lui qu’il me fait penser, deal with it), ou quelques chansons en pagaille de Skillet qu’un de mes anciens élèves a eu le bon goût de me faire découvrir il y a des années de ça…

Bref, vous savez, ce genre de musique délicieusement régressive qu’on met pour conduire, ranger, se filer la pêche le matin, danser dans la rue ?

Musicalement, on ne sort pas des sentiers battus. Les grosses guitares posent avec la batterie et la basse des bases groovy et efficaces, la guitare lead chante allègrement (voire même miaule parfois, genre sur Bleed It Out, je trouve ça flagrant), certains morceaux sont agrémentés de guitare claire, d’électro, de violon, de piano… et, bonne surprise, de cloches. (Je crois que j’ai entendu une clarinette à un moment aussi, mais je ne m’avancerai pas trop. Il me manque juste un banjo pour être heureuse mais, hé, à la perfection nul n’est tenu).

D’un point de vue prod, c’est plutôt propre, tout se mêle de manière bien équilibrée et la mayonnaise prend très bien. Une mayonnaise juste grasse ce qu’il faut, avec des refrains qui viennent se loger juste entre les deux oreilles pour tourner, tourner… et sautiller dans le métro, sourire aux lèvres, parce que les paroles chantées par une voix plutôt versatile et bien maîtrisée (chant clair, scream et gros greuh sont alternés efficacement dans une articulation hyper agréable) ont une portée étonnamment cathartique. On y parle principalement de l’émancipation de diverses emprises (un sujet particulièrement d’actualité pour moi), dans des mots simples, des situations claires et parfois facilement reconnaissables. Alors certes, on ne réinvente pas la langue anglaise, mais ce n’est pas grave : c’est d’autant plus simple à chanter en chœur. Et puis il y a quand même des bouts de suédois qui traînent…

L’album n’est pas tout à fait homogène en termes de genres, et ce n’est pas plus mal : il y en a vraiment pour tous les goûts. On alterne le heavy des premiers morceaux (Bleed It Out ou One Against The World, ma préférée de l’album) avec des ballades plus ou moins gnan-gnan (disons ce qui est) telles que All That I Loved Was The EnemyNot Gonna Die (pour laquelle, j’avoue, j’ai un petit faible) ou This Is Your Life. De temps en temps, on retrouve des sonorités très old school, comme dans My Polluted Mind ou Alive (cette dernière a par ailleurs ma faveur au niveau des paroles).
Avec tous les genres des chansons, vous aurez compris que j’ai du mal à en isoler une en particulier… Mais au milieu de tout ça, Megamösh se pose en ovni par rapport aux autres. C’est pour moi LA perle à retenir de l’album, un hymne à la folie où le chanteur se surpasse en termes de flow. C’est agressif, c’est barjo, je vous parlais d’effet cathartique tout à l’heure : c’est sans doute sur ce morceau qu’il est le plus présent.

En termes d’ambiance, Mark Zero ne ment pas dans sa description première : c’est sombre, c’est lourd, c’est parfois presqu’anxiogène (je pense notamment à This Is Your Life et son martèlement rythmique pesant). Et pourtant, ça embarque. Je danse sur certaines chansons, j’ai immensément envie d’écrire sur d’autres, et j’ai clairement l’impression même après plusieurs écoutes qu’il y a encore des choses à entendre.

Si je n’adhère pas à toutes les chansons, je dois néanmoins leur reconnaître une chose : il n’y en a pas à jeter. Pour un premier album, rien à redire : pari réussi. C’est une collection de voyages musicaux, et leur univers est déjà bien posé.

Comme Mark Zero est un groupe à la pointe, on peut trouver leur album Ballistica à peu près sur tous les supports possibles : sur Spotify, sur iTunes, sur Google Play, et –mon petit préféré– sur Bandcamp. Pour des nouvelles sur eux, c’est soit par Twitter, soit par Facebook.

Demain soir, Mark Zero font leur concert de « célébration de sortie d’album » à Falun, au chouette pub du King’s Arms. Il y a des chances que si vous êtes en train de lire cet article, vous soyez un peu loin du lieu. Pour ma part c’est évidemment loupé, mais je sais que je les verrai sans doute à Falun en août prochain, même si ça fait un peu loin.

En attendant de pouvoir vraiment les revoir en live, l’album tourne en boucle sur mon baladeur.

Bref : je n’aime pas la guitare, mais ça j’aime. Et peut-être que vous aussi ?