#LiaEnScandinavie, chapitre 20 : L’heure du bilan

Chapitre précédent
Retour au sommaire

Le voyage est désormais terminé. Retour à l’instant présent, celui où je me trouve devant mon ordinateur en train de rédiger tout ça, à l’heure du bilan.
#LiaEnScandinavie, c’était donc :

17 jours de voyage.
4 pays visités (je compte le Nord de la France, où je n’étais jamais allée).
10 villes.
8700 km en tout.
26h de train.
8h30 d’avion, pour 5 vols.
6h30 de voiture.
12h dans des aéroports.
Beaucoup, beaucoup de marche à pied…
20 concerts.
14 nouveaux contacts Facebook (et à peu près autant de numéros de téléphone) .
Des rencontres de gens de 10 nationalités différentes.
2007 photos prises.
65 cartes postales envoyées.
934 tweets (ce qui en soit n’est pas énorme comparé à d’habitude).
4609 mots de fiction écrits.
92 pages de carnet de voyage noircies.
57885 mots postés sur le blog en 26 jours.
Un millier d’euros et quelques (il me faut un boulot en urgence).
Des dizaines de cinnamon rolls.
Un Poui.

Voilà pour les chiffres, parce que je sais que certains d’entre vous aiment les chiffres.
Maintenant, sur un plan plus subjectif, que dire ? Il y a eu du bon et du moins bon, comme pour toutes les expériences. Je vais essayer de trier un peu ce que j’ai dans la tête…


L’art du voyage

C’est une des premières choses que je vous ai dites, dès le début du voyage : j’ai la phobie des départs. A partir de là, voyager, c’est compliqué. Même à l’autre bout du monde, j’ai eu tendance à me terrer dans ma chambre, terrorisée, si je n’avais pas quelqu’un qui me proposait de sortir. (Promis, je vous fais un post sur la Chine bientôt.)
Faire la démarche du voyage, d’abord seule, c’était déjà quelque chose, mais ça allait, parce que la date était loin. Le fait que Hime se raccroche au projet, ça m’arrangeait bien, quelque part. (Merci d’avoir supporté mes moments de « Non, j’veux pas sortir » et autres ronchonneries, ma chère femme <3) Mais en même temps, ça restait « mon voyage », comme une sorte de voyage initiatique, un saut dans l’inconnu.

Moi qui suis fan de l’organisation, je n’ai pas été déçue au moment de faire le programme. Trouver un trajet à faire, les moyens de le faire, les endroits où loger… C’était long, mais je n’ai pas rechigné. J’adore faire ça, et ce voyage l’a confirmé. Le fait que tout se soit globalement bien passé me fait penser que je ne dois pas trop mal m’en sortir, et je suis prête à organiser un autre voyage dès que possible.
Pour autant, l’organisation s’est vraiment faite au dernier moment, et ça, ça reste assez nouveau : le côté « je peux le faire », même si ce n’est pas planifié deux ans à l’avance. Quand bien même j’en parlais depuis presqu’un an, il y avait un côté « Tout plaquer et me barrer en Scandinavie » qui n’était vraiment pas désagréable. Un peu de spontanéité, moins de sécurité mais plus de liberté… J’en avais besoin, je crois.
En plus, de cette manière, j’ai pu découvrir le couchsurfing et me suis franchement fustigée de ne pas en avoir fait plus tôt : que des expériences très bonnes, et la découverte de lieux auxquels je n’avais pas forcément pensé. Je suis heureuse d’avoir pu discuter autant, tant avec des gens qui ont fait le voyage que des gens sur place, pour me retrouver à des endroits un peu inattendus, mais pas moins intéressants que d’autres lieux touristiques.

Car vous l’aurez compris à force, outre l’organisation, je suis aussi fan des rencontres et temps de partage, et j’ai compris pourquoi les gens disaient que les voyages étaient parfaits pour les rencontres. Parler à tant de gens différents en si peu de temps, c’était formidable. Je suis « tombée amoureuse » plusieurs fois, ai dit au revoir et pas adieu à des gens que je ne reverrai peut-être jamais… mais qui restent « là ». J’ai eu des conversations dingues, des partages d’expériences vraiment intéressant. Je pense que le voyage s’en est trouvé considérablement embelli.
J’ai souvent croisé des gens qui me racontaient des histoires de voyage dingues, des choses inimaginables pour moi. Finalement, je crois que maintenant, je pourrais avoir mon lot de choses à raconter. J’ai quand même échangé une tente contre une pinte de bière pour pouvoir la troquer contre un kebab de renne 1000km plus loin.

Avouez, dit comme ça, ça en jette.


Avancer dans ma tête

Bon, je l’ai dit plus haut : la peur de l’inconnu, le besoin de sécurité un peu balayé par la soif de liberté… C’est bon, vous avez l’idée. J’ai plein de trucs qui me bloquent dans ma tête, plein de trucs pas drôles qui vont donner envie à une personne lambda de me secouer en disant : « C’est débile d’avoir peur pour ça, t’as qu’à te bouger et tu verras ! ». Voilà, ce voyage, c’était ma manière à moi de « me bouger », quelque part : sortir de ma zone de confort et aller vers l’inconnu.
Alors déjà, ça, c’est un sacré premier pas : parce que maintenant que je l’ai fait une fois, je sais que je peux le refaire. Même si ce ne sera pas simple, ce sera déjà moins compliqué. J’ai toujours le mal du départ, c’est toujours bien violent et désagréable, mais ça devient un peu plus tolérable si je sais que c’est moi qui prends la décision de partir et que je vois ce qu’il y a « derrière la porte ».

Ensuite, il y a le malaise lié aux événements de l’an passé, et tout ce que j’ai pu ressasser. Ce voyage, c’était un moyen de mettre de la distance, une distance définitive. Je partais en me disant « Après ça, je n’y penserai plus jamais. » Bon, c’est un échec critique, parce qu’on n’efface pas les choses comme ça. J’y pense toujours. Pour autant, ça a quand même très bien marché : les événements me paraissent loin, maintenant, et surtout, plus dérisoires. Je ne suis plus « la même », j’ai d’autres choses auxquelles penser, des tas de choses vers lesquelles me tourner.
Les événements de Falun, le fait de pouvoir réécouter certaines chansons, les chanter (surtout que le sort a bien fait son oeuvre : même au-delà de Falun, certaines chansons « du passé » m’ont littéralement poursuivie tant à Kiruna qu’à Helsinki, alors qu’elles n’avaient rien à y faire), ça peut paraître ridicule, mais c’est énorme pour moi. Il y a toujours des tas de choses triggers pour moi, des endroits où je ne retournerais pas, des choses que je ne ferais plus, et même certains sons qui me rendent malades. Mais mine de rien, petit à petit, je me sors de mon stress post-traumatique.
On m’avait dit que le temps seul pouvait arranger les choses. Je pense avoir filé un petit coup de main au temps, avec ce voyage. C’est un peu comme si je m’étais fait une collection de souvenirs-à-Patronus. Ca fait du bien : maintenant, quand je me sens « partir » à cause d’un élément ou un autre, je sais que je n’ai qu’à me pencher et regarder mon pied droit pour qu’il me raconte une histoire… ou je peux puiser en moi pour retrouver des images de choses que j’ai faites ou vécues et qui ont eu un sens.

Et voilà le dernier point : moi. OK, dit comme ça, c’est très égocentrique… Mais j’ai toujours été convaincue que je disparaitrais si je n’avais plus personne autour de moi, au point d’en oublier qu’il y avait quelque chose « en moi ». Ce voyage, c’était l’occasion de faire les choses pour moi-même. Pas forcément pour les partager avec quelqu’un. J’ai vécu des événements très chouettes et très personnels, et cette fois-ci, c’était « juste pour moi ». Alors ça n’a pas toujours été simple, hein, avouons-le : il n’y a qu’à voir le mal que j’ai eu à aller à Seurasaari, et la motivation de « comme ça j’aurai des choses à raconter ». Mais à côté de ça, j’ai réussi à en profiter même en étant seule. Petit à petit j’apprends à faire des choses dont j’ai envie pour moi, et pas pour les autres. Désormais, aller seule à un spectacle, au restaurant, me promener même, ça ne parait plus aberrant. Je ne sais même plus d’où je tirais l’idée que ça l’était. La route est encore longue, et je me reprends souvent à cause de réflexes malheureux, mais quoi qu’il en soit, j’arrive de mieux en mieux à faire les choses seules et pour moi, sans trop me faire influencer par l’extérieur ou le besoin de le faire pour quelqu’un d’autre.
Et ça, c’est peut-être le plus grand pas en avant de ce voyage.


Et l’écriture, alors ?

Je ne regrette pas du tout l’idée que j’ai eue pour le Ray’s Day. Je pense que si cinquante personnes s’étaient manifestées, j’aurais eu plus de mal ; mais là, écrire quinze histoires, c’était parfaitement faisable, surtout si elles se situaient toutes dans le même univers et que j’avais un plan.
De manière plus étendue, on m’a souvent fait la réflexion que j’étais cinglée vu le nombre de cartes postales que j’ai envoyé. Honnêtement, j’ai adoré l’exercice. J’aime vraiment beaucoup écrire des cartes postales, et en les distillant sur toute la durée du trajet, ça ne faisait pas tant que ça : moins de cinq par jour ! Pour le coup, si ce n’était pas aussi coûteux, c’est peut-être quelque chose que je ferais à chaque voyage. Et même, pas seulement en voyage.
Je suis contente de m’être gardé le temps d’écrire durant le voyage. Mes craintes ont été confirmées : si je ne parviens pas à bien écrire au quotidien, c’est parce que je ne prends pas le temps de le faire. Là, posée dans un avion, dans un train, avec rien d’autre à faire et coupée du monde, j’ai pu en profiter un maximum et développer des univers tant dans ma tête que sur le papier. J’ai vraiment apprécié ces moments de pause. J’ai conscience qu’il faudrait que je les reproduise dans mon quotidien, mais je n’ai pas encore trouvé la solution. D’aucuns diraient qu’il « faut que je me pose« , n’est-ce pas ?..
En outre, le fait d’être lue est une réelle source de motivation : le SMS d’A. suite à la lecture de ma nouvelle, les retours sur le Ray’s Day, tout ça me fait chaud au coeur et me fait petit à petit prendre confiance en ma relation avec l’écriture. Maintenant, je me sens plus prête à affronter des travaux plus ambitieux, que ce soit en terme d’écriture ou d’édition, et peut-être même me lancer dans des vraies nouvelles en anglais. J’ai conscience d’à quel point le route reste longue (surtout en termes d’édition), mais je me sais les capacités à l’affronter.


Ah, tout de bon alors. Des regrets, quand même ?

Quelques uns. Le premier, clairement : ne pas avoir su parler suédois. C’était amusant d’apprendre des mots, comme ça au vol (et d’apprendre n’importe quoi, du coup. Je sais désormais dire grenouille, semelle, sein, poulet, église, aéroport, forge, cercle polaire et rue en suédois. Ah, et aussi bonjour, au revoir, merci beaucoup, et « je parle un peu suédois », ce qui est un gros mensonge), mais c’était frustrant de ne pas pouvoir communiquer directement en suédois. Il faudrait que j’arrive à assimiler au moins la grammaire avant d’y retourner, pour pouvoir me construire mon vocabulaire ensuite. La frustration était encore pire avec le finnois, clairement, mais contrairement au suédois, je n’ai pas essayé faute de gens avec qui le parler.
Ce qui me conduit directement au deuxième regret : avoir été seule à Helsinki. J’ai rencontré des gens à l’auberge de jeunesse et c’était chouette, mais ne pas pouvoir discuter avec des locaux m’a vraiment beaucoup manqué. Je n’ai pas eu de chance avec les couchsurfing, et ce n’est pas faute d’avoir essayé, mais si c’était à refaire, je tâcherais de m’y prendre mieux et de trouver, sinon un hôte en couchsurfing, au moins un hôte en airBnB pour pouvoir avoir quelqu’un sur place avec qui discuter. Je pense que je profiterais beaucoup plus de la ville de cette manière.
Dernier regret, ma gestion des sous… Je ne pouvais pas prévoir que nous allions tomber malade, et donc devoir payer pour des logements. Mais du coup, ça a un peu cassé le côté spontané, « dernière minute peu coûteuse », du voyage, et le budget a explosé. Il a fallu faire des choix.
Ça, ce sont les regrets liés au voyage. Quand on voit la mini-épopée, n’avoir que ces regrets-là, je considère que ce n’est pas si mal.

J’ai d’autres regrets qui sont, eux, plus liés à mon organisation et à mon écriture. Quand je me suis lancée dans #LiaEnScandinavie, j’avais quelques jours écrits d’avance, et je pensais honnêtement conserver cette avance. En vérité, je l’ai vite perdue ; j’ai totalement sous-estimé l’ampleur de la tâche en me lançant là-dedans. Voyant que les premiers chapitres faisaient 1000 mots tout au plus, je n’ai pas imaginé un instant que certains chapitres pourraient atteindre les 5000 mots – et que je ne redescendrais pas en dessous des 2000. Le boulot était énorme, intégrer les photos prenait un temps fou, et j’ai très, très, très mal géré ça. D’où certains chapitres postés à 4h du matin, quelques pétages de plomb sur Twitter, et surtout des crises de nerfs IRL – désolée à  ceux qui les ont subies.
Je pensais que cet exercice m’entraînerait et me donnerait un rythme d’écriture et de travail sain. J’étais loin du compte.
Honnêtement, pour le coup, si c’était à refaire, je ne suis pas sûre que je le referais. Je suis très contente d’être arrivée au bout, car je déteste les projets inachevés. Mais si certains d’entre vous ne m’aviez pas fait savoir que vous me lisiez, j’aurais laissé tomber après Falun, je pense.
J’espère donc que je serai plus organisée pour mon prochain récit !


Et la suite ?

Je ne sais pas pour la suite. Si mon retour en France a été aussi difficile pour moi, c’est parce qu’il n’y avait « rien qui m’y attendait » : pas de boulot, pas de vrai chez-moi, pas beaucoup de perspectives réjouissantes. Pour le moment, je cherche encore. En France, pas le choix, mais aussi ailleurs en Europe. Je regarde du côté de la Suède, j’avoue… J’ose me dire qu’avec mon domaine de compétences, assez large, je ne mettrai pas si longtemps à trouver quelque chose dans des endroits qui ne demandent pas des diplômes spécifiques.

Entre deux candidatures, j’écris. Maintenant que #LiaEnScandinavie est terminé, je pense que je vais m’imposer un rythme de parution d’un article de blog par semaine, et pas forcément très long, histoire de remplir un peu mon Erreur qui est encore un peu trop vide à mon goût. Vous verriez la quantité de choses dont j’ai à vous parler !

Au niveau des voyages, si jamais j’arrive à trouver une source de revenus, le prochain sera sans doute à Dublin. Sabaton va y faire une tournée avec Alestorm, 10 jours avant la St-Patrick, et j’ai ma concubine qui habite là-bas (et ma femme a déjà réservé sa St-Patrick). Ca peut être l’occasion de faire d’une pierre trois coups, et qui sait, peut-être même recroiser notre hôte de Falun, A., s’il est toujours roadie pour Sabaton.
Quant au Sabaton Open Air, je verrai où je serai le 18 août prochain. Mais je réfléchis de plus en plus à être volontaire cette année. Ne serait-ce que pour retrouver les braves du Polish Panzer Batallion.

Bref, pour le moment c’est la page blanche : tout reste encore à écrire…

 

Le mot de la fin

Pour finir, je l’ai déjà dit plus haut mais je tenais à vraiment remercier tous ceux qui m’ont fait savoir qu’ils me lisaient, que ce soit en commentant sur le blog, par Twitter, par Facebook, par SMS, par mail ou même simplement à l’oral. Honnêtement, je n’aurais jamais tenu le rythme et n’aurais jamais mis le point final si vous ne me l’aviez pas fait savoir – j’ai vraiment failli baisser les bras à plusieurs reprises devant l’ampleur de la tâche, pour finalement simplement m’octroyer des pauses grâce aux interludes.

Merci beaucoup, beaucoup, beaucoup d’avoir lu et d’être arrivé.e.s jusqu’ici. J’espère que le voyage vous a plu autant qu’à moi, et qu’on se retrouvera bientôt pour de nouvelles aventures avec le Poui ! :)

Retour au sommaire