J’ai toujours été une collectionneuse. Ça m’a posé beaucoup de problèmes par le passé. Il faut dire qu’on est vite limité en place dans un appartement, et que ma collection de 100+ peluches et 200+ objets en rapport de près ou de loin avec les souris s’est rapidement avérée intransportable.
J’en ai déjà parlé dans un article précédent : je me soigne. J’apprends à me détacher du besoin d’accumuler des choses matérielles. Heureusement j’ai aussi d’autres formes de collections qui sont, elles, immatérielles. J’ai une collection de souvenirs à Patronus. Une collection de questions. Et puis surtout, j’ai une collection de rêves.
Ça a toujours été. Ça m’aide à dormir les nuits. Ça m’aide à survivre à mes journées. J’en pioche un, et hop, je suis partie. Ces rêves-là ne sont pas faits pour être réalisés. Je vous parlerai de ma théorie de la groupie bientôt, c’est promis. C’est juste du petit daydreaming pour tenir le coup. Comme quand je traîne sur les sites de billets d’avion et que je m’imagine partir.
Parmi tous ces rêves, il y avait celui de faire une tournée. Depuis mes 13 ans, je rêve de passer de ville en ville en suivant un de mes groupes fétiches… En tant que groupe de première partie, ça aurait été le pied. En tant que roadie, ça aurait indiqué que mes choix de vie avaient drastiquement changé (peut-être pour le meilleur). En tant que fan, ça semblait le plus réalisable (et le plus rigolo). Après tout, il y en avait plein, des fans dévoués qui le faisaient, que les artistes reconnaissaient dans la foule, c’était surtout une question d’argent au fond.
Bon.
Mon groupe n’a jamais fait de tournée. Il n’a pas fait des masses de concerts, en même temps, remarquez. Protip : faire un groupe où chacun des membres est séparé par 300km minimum et certains viennent juste de se mettre à la musique, c’est difficile à mettre en place. Pas impossible, mais perso, on n’y est pas arrivés.
Je suis suffisamment sortie de ma zone de confort pour être volontaire de festival, et j’ai été roadie sur UN concert auquel je n’ai même pas assisté (mais c’était marrant quand même). On est loin des tournées, même si les deux expériences n’étaient pas en France.
Et puis en fait, il s’est avéré que même sans trop d’argent, je pouvais me lancer dans l’aventure de la tournée de fan. C’était stupide, c’était marrant, ça ne me coûtait presque rien à part le voyage, et c’est une fois de plus la faute de S., mon jumeau suédois que je ne vous présente plus, qui a travaillé pour Sabaton que je ne vous présente plus non plus.
C’est ainsi qu’au début de l’année, je me suis prévu mon petit tour des concerts de Sabaton au Royaume Uni. Je n’ai bien évidemment pas fait la tournée complète (je n’ai pas un emploi du temps extensible), mais le peu que j’ai fait a été riche en émotions, et j’ai réalisé mon rêve.
Et pour ne pas oublier, je le consigne ici, parce que quand même : on a bien rigolé.
Un peu de backstory pour comprendre comment j’en suis arrivée là : nous sommes en juillet 2016, Sabaton vient de sortir Blood of Bannockburn, leur nouveau single de The Last Stand, et ce morceau entre directement dans mon top 5 des chansons de Sabaton : il y a de la cornemuse, il y a du vieil orgue électronique old school, tout est old school dans cette chanson d’ailleurs, et ça parle de l’indépendance écossaise. Je suis hilare et conquise, je saute partout, une conviction s’imprime dans mon esprit : je veux voir cette chanson jouée en live en Ecosse.
Et ça tombe bien ! Sabaton viennent d’annoncer une nouvelle tournée. Parmi les dates, une à Glasgow, ville que je n’ai encore jamais visitée. Alors ni une, ni deux : je prends ma place pour le 11 janvier 2017 (je ne sais pas où je serai en janvier 2017, mais le 11, je serai à Glasgow. Point.)
Après tout, les concerts sont ma première bonne excuse pour voyager. Je reste fidèle à moi-même.
Et puis soudain, voilà que tout s’enchaîne. Je retourne en Suède en août, je revois S. qui me dit qu’il va peut-être faire la tournée, qu’il me tient au courant. En novembre, quand je vais assister au concert de Pain à Göteborg, S. me confirme qu’il bossera sur la tournée, et qu’il compte bien me mettre sur la liste des concerts. Alors ni une, ni deux, on se prévoit une partie de la tournée où je le suivrai.
Oui, je suis comme ça, moi. Y en a qui suivent les groupes. Le sort a fait que moi, j’ai suivi le roadie. Et je ne regrette rien.
Nous voilà donc en janvier 2017, et j’ai mon itinéraire beau et tout prêt. D’abord, Glasgow, puis pendant que Sabaton sera à Manchester, moi je vais me refaire un petit tour à Edinburgh parce que je ne peux pas me lasser de cette ville. Ensuite, je les rejoins à Londres (14/01), puis on fait la course de la traversée de la Manche pour arriver à Lille (15/01), puis Paris (16/01). Et Lyon la semaine suivante (24/01).
Cinq concerts en tout, ça me semble pas mal. Peut-être même que je vais juste attendre S. à la sortie et que je ne vais pas tous les faire parce que j’en aurai marre à la fin. Bon, on verra.
Mes billets d’avion et de bus et de trains sont réservés pour tout le périple et ça promet d’être épuisant. Je suis aux anges. J’ai un petit sac à dos et une poche-à-jambe et c’est tout ce dont j’ai besoin pour ce voyage qui ne sera finalement pas si long.
Mardi 10 janvier 2017
PARIS
L’aventure commence au moment de prendre mon avion pour Glasgow. Ma légendaire poisse des transports s’étant cumulée avec la malédiction du RER B, je me retrouve bien évidemment en retard pour l’embarquement. Ce serait trop simple si je n’avais qu’à courir : au check-in, on me demande d’enlever chaussures, ceinture, manteau, veste, bracelets. C’est une première, d’habitude je m’en sors avec seulement un de ces points. C’est ainsi que je me retrouve un glorieux après-midi de janvier à courir à travers le terminal 2D de Roissy Charles de Gaulle en chaussettes, avec tout mon barda dans les mains, pour arriver juste à temps devant l’hôtesse (sur le point de fermer la file d’embarquement) qui me regarde avec des yeux ronds.
Je remets mes chaussures et monte dans l’avion. En voilà un début épique. Le Poui ne tient plus en place : il retourne dans ses contrées d’origine.
Alors que je suis déconnectée et profite du vol pour écrire, sur Twitter, ça se déchaîne. Paraîtrait-il que je maltraite le Poui. A la descente de l’avion, en découvrant le flood dont nous avons été victimes, nous sommes tous les deux indignés. Heureusement, le délicieux petit crachin écossais nous ramène à la réalité.
GLASGOW
« Poui, on y est ! »
Fin d’après-midi. Après avoir retiré de l’argent, nous sautons dans le bus qui fait la navette vers la ville : en route pour prendre possession de nos appartements pour les deux nuits à venir, et retrouver M, collègue linguiste amoureuse des éléphants avec qui il fait bon discuter sur Twitter (spoiler alert: IRL aussi), qui nous invite à visiter Glasgow avec engouement. Chouette !
Mon mythique sens de l’orientation et moi-même nous perdons avant d’atteindre l’auberge de jeunesse. Je descends du bus trop tôt et me retrouve à marcher pendant une petite heure dans les rues de Glasgow. Point positif, je commence à découvrir la ville, et puis je ne suis pas trop chargée et mon GPS fonctionne bien : c’est finalement plutôt agréable. Je suis en contact avec M. qui me guide un peu et nous fixons une heure et un lieu de rendez-vous pour quand je serai posée.
Si l’accent écossais m’avait mis dans le bain tout de suite, l’arrivée à l’hostel ne fait que confirmer la chose. Le Tartan Lodge porte bien son nom : il est fièrement écossais d’un bout à l’autre, de son architecture (super classe) à sa moquette (de tartan).
L’ABC du kitsch écossais.
Je prends possession de mes appartements et le Poui se trouve tout de suite bien confortable. Le lit est chouette, il n’y a qu’une autre personne dans la chambre pour 6 (une Anglaise pas très bavarde), et pour 10€ la nuit, clairement, je ne me plains pas. Dès l’installation j’envisage même de rester une nuit de plus, car mon hôte de couchsurfing censé me récupérer jeudi soir à Edimbourg ne me semble pas très fiable. Je traînaille un peu puis me mets en route pour rencontrer M.
La nuit est quasiment tombée quand je la retrouve enfin (après m’être copieusement perdue, on ne se refait pas), et elle m’embarque dans une fabuleuse aventure glaswégienne avec la visite de Poudlard l’université de Glasgow de nuit.
Inutile de vous dire que j’ai sérieusement les yeux qui brillent.
Nous crapahutons un moment et je découvre l’amour des Glaswégiens pour les jeux de mots (on n’est pas au niveau de Gothenburg mais je salue), je me fais la réflexion qu’ils trébuchent quand même beaucoup (parce qu’ils ont toujours le nez en l’air ? Ou alors parce que leurs trottoirs sont très très inégaux, ce qui est fort plausible), et j’apprends à aimer cette ville qu’on m’avait décrite comme « trop industrielle et pas très intéressante ». (En fait : si, c’est cool Glasgow !)
Après une pause repos + achat d’une boisson dégueulasse (je voulais juste me désaltérer, je me suis retrouvé avec un truc imbuvable), nous arrivons au restaurant que M. a réservé pour nous ce soir, le « meilleur de Glasgow ».
Hé ben il n’a pas volé sa réputation. Si les quantités nous paraissent limite au début, je me rends vite compte qu’en fait non, pas du tout. On mange bien, beaucoup et pas cher. Vous ai-je dit que j’adorais l’Ecosse ?
Nous discutons moult et moult et lorsque nous commençons à piquer du nez dans nos assiettes (et la serveuse nous fait comprendre qu’il faudrait qu’on libère la place quand même, ces Français qui parlent trop en mangeant !), il est temps de se donner rendez-vous au lendemain et d’aller retrouver nos lits respectifs.
Sur le chemin du retour, je délire un peu sur la cathédrale qui explose les clichés du gothique tels qu’on les connaît…
Vous reprendrez bien un peu de gothique avec votre gothique ?
…et je finis par tomber de sommeil sur le coup des 23h, minuit heure française. On ne dirait pas comme ça, mais en fait, j’ai beaucoup marché aujourd’hui… Un #DailyShort peu inspiré plus tard, je sombre dans les bras de Morphée.
Mercredi 11 janvier 2017
Je traînaille un peu au lit avant de me rendre compte que bigre et rebigre, je suis en retard. Je me prépare rapidement. Je ne réalise pas trop. Je suis à Glasgow. Aujourd’hui je vais visiter encore un bout d’Ecosse, et puis revoir S. et Sabaton. Je suis en Ecosse.
Je suis en…
…il y a une heure de décalage horaire.
Je suis en avance.
Je décide donc de me promener un peu et redécouvre avec joie le temps écossais.
[Ce Qu’il Faut Savoir] Une Lia en vacances a souvent de la chance avec le temps.
Auberge de jeunesse sur fond de ciel écossais, hashtag no photoshop hashtag no filter.
[Ce Qu’il Faut Savoir²] Le temps écossais est délicieusement imprévisible.
Tellement imprévisible que j’ai pas pu vous faire de photo avant/après.
C’est ainsi que sur le chemin, je me retrouve à faire face à une formidable averse de grêle. Le vent dans la face, la musique dans les oreilles, le soleil dans le dos et les grêlons dans la tronche, ne nous mentons pas : je suis cabossée mais hilare. J’aime vraiment beaucoup trop l’Ecosse.
Je finis par retrouver M. au centre commercial de Buchanan où nous mangeons…
Le coin est sympa, les magasins sont kitsch, c’est parti pour une virée shopping ! Nous déambulons dans les rues du centre, entre bookshops et Tartan House où je craque pour un magnifique kilt violet.
Je n’ai pas de photo de mon merveilleux kilt alors à défaut je vous mets les jeux pour enfants du centre commercial. Y a un PLODOCUS.
Découverte d’un centre commercial de luxe avec son paon et ses barrières en fer forgé, et ses escaliers (et escalators) en bois parce que POURQUOI PAS ?
Je croise aussi le fameux Duc Tête-En-Quille, une curiosité de Glasgow, et son cheval coiffé de la même manière.
Apparemment, c’est là la démonstration de l’humour glaswégien. Depuis les années 80, le duc de Wellington est coiffé d’un cône : enlevez le, il reviendra toujours, et personne ne sait qui le met. Les légendes urbaines comme on les aime !
La journée passe à coup d’achats et de conversations linguistiques, la nuit commence à tomber (et la pluie aussi), il est temps pour moi de dire au revoir à M. et de me diriger vers la salle de concert pour tenter de retrouver S. qui ne m’a pas donné de nouvelles de la journée. J’en suis à me demander si je réussirai à le voir mais qu’importe, ne perdons pas de vue mon but premier : je suis en Ecosse, et je viens voir Sabaton chanter Blood of Bannockburn à l’endroit où elle a le plus de chance de déchaîner les passions.
Quand j’arrive devant la salle, il y a du monde et je réalise que je n’apprends pas de mes erreurs. Je me retrouve en effet à attendre une heure de plus, car… j’ai une heure d’avance. Il faut que je mette ma montre à l’heure écossaise.
Qu’à cela ne tienne. J’envoie un message à S. pour lui dire que je suis devant la salle, papote allègrement sur Twitter, et tue le temps en regardant les roadies décharger le camion. Il pleuvigne, je suis avec amusement les conversations ponctuées de ce merveilleux accent écossais autour de moi, je croise au passage deux Suisses françaises qui font, elles, toute la partie britannique de la tournée (en tant que fan je n’ai aucune originalité), donc je papote un peu en français, et avant que j’aie eu le temps de vraiment commencer à avoir froid ou m’ennuyer, on nous fait entrer dans la salle. Cette fois-ci, rien d’extraordinaire : j’ai mon billet, je fais partie des premiers à rentrer, et je m’interroge sur si je dois me battre pour le premier rang ou pas. J’ai mon manteau et ma veste, je sens que ça va être pénible, et je finis par opter pour une place à la deuxième barrière, devant le bar, avec une super vue sur la scène.
Je crois que c’est la première fois que je suis aussi loin de la scène pour un concert de Sabaton.
Je patiente tranquillement en discutant avec l’adorable couple à côté de moi et en guettant des nouvelles de mon jumeau suédois. Finalement, un message arrive : « Où es tuuuuu ? ». Je lui décris ma situation et nous finissons, victoire, par nous retrouver. « Je ne t’ai pas reconnue, tu n’as pas ton sac à dos ! »
Oh, c’est vrai, c’est la première fois qu’il me voit en mode « ville » et pas en mode « baroude ». D’habitude j’ai toujours mon gros sac de randonnée, c’est plus facile à repérer. Nous discutons un peu, il me montre fièrement son équipement (il est habillé Sabaton de la tête au pied et ça transpire la classe, pour un peu j’en serais jalouse et il le sait), me raconte brièvement son travail. Je lui propose un verre mais il ne boit plus pendant toute la tournée. »Une vie saine », qu’il me dit, mais il ne trompe personne. La vie ne peut pas être saine en tournée…
« On a du temps, ce soir, si tu veux rester un peu après. Et on aura sans doute une journée de repos à Lyon ! Ce serait génial ! »
Un peu, mon neveu. Je croise les doigts que ce soit le cas, mais on verra en temps et en heure. Il y a d’autres concerts avant, à commencer par celui de ce soir !
Après une petite vingtaine de minutes, il retourne travailler, et je retourne m’installer confortablement à ma barrière. Le concert va commencer.
C’est Twilight Force qui ouvre le bal. Je les ai déjà vus au Sabaton Open Air l’an passé, de loin, et leur musique m’avait semblé très happy-go-lucky alors, sans que j’y prête vraiment attention plus que ça (fin de festival, j’étais vannée et les avais observés de ma tente, sous un ciel magnifique dans une atmosphère magique).
Verdict : leur chara-design déchire.
Qu’est-ce qu’ils sont choupis, qu’est-ce que leur musique est positive, qu’est-ce qu’ils doivent mourir de chaud sous leurs costumes ! Je tombe sous le charme immédiatement – sans doute parce que nous partageons les mêmes oreilles pointues. J’ai un coup de cœur pour, je l’avoue, le moment où le chanteur met une beigne involontaire au guitariste (c’est tout ce qu’il mérite : c’est un guitariste !) et passe le reste de la chanson à chercher à s’excuser.
Après une setlist d’une trentaine de minutes composée essentiellement de tubes que je ne connais pas encore assez à mon goût (mais ça va venir), durant laquelle ils jouent avec le public, sautent, dansent, se font des blagues, ils concluent sur un magnifique Power of the Ancient Force (version parisienne : la version glaswégienne n’a visiblement pas été filmée), puis laissent la scène à Accept.
Soundchecks, le temps de poster des bêtises sur Facebook et Twitter, de discuter un peu, et la soirée s’enchaîne. Accept, c’est une autre paire de manches, c’est plus ou moins tout ce que je déteste dans le heavy (j’aime bien certaines formes de heavy hein. Mais celle-là, non).
Des guitares qui dégoulinent, dégoulinent, envahissent l’espace sonore, au point d’en avoir la nausée. Un guitariste qui tire toute la couverture à lui et me donne envie de le gifler. Heureusement, le batteur est génial, et je me surprends à ne pas me lasser une seule fois de ses jongles.
Je vous laisse avec cet aperçu qui me semble encore plus long en vidéo qu’en live :
Mention spéciale à Metal Heart et sa foutue Lettre à Elise, mais ne vous en faites pas, j’y reviendrai plus tard.
Je me suis bien dépensée, j’ai bien rigolé : le concert est bon malgré le genre musical qui ne me convient pas. C’est assez étrange, cette alliance Sabaton-Accept, et les Allemands jouissent d’une telle réputation que je suis surprise qu’ils ne soient « que » deuxième partie. Sabaton a bien grandi… Ca fait raler une partie du public d’Accept, qui part à la fin du set sans même voir le dernier groupe. Personnellement, je suis contente d’y avoir assisté, mais je suis contente quand ça se termine. Les premières parties sont terminées : place aux choses sérieuses.
Les roadies démontent la scène et les soundchecks se font sur… du Two Steps From Hell parce qu’on est épique ou on ne l’est pas. Sabaton va envoyer du lourd, et j’ai hâte.Je trépigne. Je ne suis pas la seule.
Enfin, les lumières s’éteignent à nouveau. Place à In The Army Now, que je chante en chœur allègrement, même si je regrette la période où ils entraient sur The Final Countdown parce que THE FINAL COUNTDOWN QUOI.
La setlist n’est d’aucune surprise, je connais beaucoup trop de chansons par cœur, mais ça ne m’empêche pas de sauter partout, de chanter, de faire rire les gens autour de moi et de les entraîner dans ma folie. L’écran géant transforme le concert en une espèce de chouette karaoké géant, les guerriers spartes (que je reconnaitrai plus tard) envahissent la scène sur Sparta, comme tout bon concert de Sabaton qui se respecte l’énergie est bien présente, les gars sont incroyablement bons sur scène, bref, je m’éclate.
Pour autant, ce n’est pas la joie maximale : le son est moyen, le chanteur est visiblement malade (il force sur ses notes, sort régulièrement de scène…), et je suis un peu déçue par le choix de certaines chansons, en particulier The Final Solution que je trouve totalement vide d’émotions alors que sa version studio me met le cœur dans la gorge chaque fois. Les blagues qui l’encadrent sont, je trouve, terriblement malaisantes. Je ne sais plus où me mettre. Heureusement elle est suivie par Resist and Bite. Au moment où je réalise que je vais voir cette chanson en live 5 fois en un mois, j’ai envie de pleurer, je sens mon cœur qui grossit. Je me contente d’envoyer une déclaration d’amour à S., qui sait à quel point c’est important pour moi, à la fin de la chanson.
Le concert touche à sa fin, Primo Victoria a enflammé la salle, mais ils n’ont toujours pas joué Blood of Bannockburn. Qu’à cela ne tienne : il faudra attendre les rappels pour voir la foule exploser. Le public jusque là plutôt sage pour un public de metal (de mon point de vue hein, c’était quand même agité) disjoncte. Ca slamme et pogote dans tous les coins. C’est parti. JOIN THE SCOTTISH REVOLUTION.
Après ce fol hommage au pays où ils jouent, Sabaton enchaîne avec To Hell and Back, avant de saluer et de sortir de scène pour de bon. Voilà, c’est fini. J’observe les roadies qui discutent avec le public et démontent la scène. De loin, S. me repère et me fait coucou pendant 5 minutes. Concours de grimaces. C’est rigolo, mais je ne suis pas sûre de l’attendre. Il se fait tard, j’ai une petite heure de route jusqu’à mon hostel, je ne suis pas seule dans ma chambre, et je ne suis qu’au début de mon voyage.
Je traîne un peu les pieds en sortant, attends un petit moment devant la salle, puis finis par mettre ma musique dans les oreilles et envoyer un message à S. en lui disant que je le verrais à Londres. Tant pis pour ce soir. Il faut savoir être *gasp* raisonnable…
Je traverse donc Glasgow à pied pour rejoindre mon auberge, en continuant l’échange avec S. à coup de vannes, et en appréciant les bâtiments éclairés de nuit. J’ai le cœur brûlant d’émotions, heureuse simplement d’être où je suis, de marcher sous ce faible crachin, E-Nomine dans les écouteurs. Une musique particulièrement appropriée pour se promener dans une ville écrasée par le gothique, de nuit.
Ces éclairages me ravissent.
Je marche sans crainte, j’ai trouvé le Docteur !
Environ cinq minutes avant d’arriver à l’hostel, il ne me reste plus que deux routes à traverser, et mon baladeur juge bon de me passer Dearly Beloved, du Kingdom Hearts Piano Collection, au moment précis où de la neige commence à tomber du ciel.
Je m’arrête et profite de l’instant. Ce trajet de retour, même si je n’ai pu revoir S. à la fin du concert, était parfait. Là, maintenant, je suis exactement à l’endroit où je suis censée être, et c’est un sentiment de plénitude qui me met les larmes aux yeux. Je suis heureuse d’avoir fait ce voyage fou. Et ce n’est que le début…
Je retrouve mon lit, écris rapidement un DailyShort sans queue ni tête…
…et sombre, avant mon dernier jour à Glasgow.
[A suivre…]